Le 25 mars, Iliad, la maison mère de Free, dévoilera ses résultats annuels. Cet exercice intervient dans un contexte où la concurrence sur le marché français se fait de plus en plus vive, que ce soit sur la fibre, la 5G ou les services dédiés aux entreprises. Entre les pressions concurrentielles internes – SFR, Orange et Bouygues Telecom publient ou ont déjà publié leurs bilans – et les ambitions européennes d’Iliad, beaucoup d’observateurs voient dans cette présentation un moment décisif pour la stratégie globale du groupe fondé par Xavier Niel.
Depuis plusieurs années, le paysage télécom français se caractérise par une guerre tarifaire et un renouvellement constant des offres pour séduire de nouveaux abonnés. D’un côté, Orange capitalise sur son réseau jugé solide et mise sur des formules premium. De l’autre, Bouygues Telecom a su se réinventer avec des packs tout-en-un attractifs, tandis que SFR cherche à consolider sa base clients malgré des réorganisations successives.
Free, historiquement le « trublion », doit donc faire face à des rivaux qui n’hésitent pas à multiplier promotions et nouveautés.
La fibre se généralise partout en France – selon l’Arcep, près de 80 % des foyers étaient déjà raccordables à la fin 2024 – et le coût moyen de l’abonnement ne cesse de croître, approchant désormais les 37 € mensuels. Dans ce contexte, l’opérateur se retrouve contraint d’innover sans cesse, que ce soit via des offres fibre « ultra-haut débit » ou des services de streaming intégrés à ses box (ex. Oqee Ciné).
Free Pro, nouveau levier de croissance ?
Au-delà de l’offre grand public, Iliad nourrit aussi des ambitions dans la sphère B2B, longtemps dominée par Orange et SFR. Lancée plus récemment dans l’arène, Free Pro se positionne comme un fournisseur de solutions fibre et cloud, à destination des PME comme des plus grandes entreprises. Le marché professionnel s’avère complexe, exigeant un accompagnement sur-mesure, une qualité de service renforcée et, souvent, des garanties de sécurité plus élevées. Free Pro entend pourvoir efficacement à ces besoins.
Le 25 mars devrait donc être l’occasion de mesurer si la politique mise en place par Free Pro, notamment avec le lancement de sa dernière dans le courant du mois de janvier dernier, porte ses fruits. Une performance positive dans ce segment rassurerait les investisseurs sur la capacité de l’opérateur à trouver des relais de croissance en dehors du grand public, au moment où les marges se resserrent sur le marché traditionnel.
L’expansion européenne : l’Italie et la Pologne toujours en ligne de mire avec quelques nouvelles destinations
Sur la scène internationale, Iliad maintient une forte présence en Italie, entrée en 2018, et en Pologne, depuis le rachat de l’opérateur Play en 2020. L’Italie demeure un marché concurrentiel avec TIM et Vodafone, mais Iliad y a déjà gagné en notoriété grâce à des forfaits mobiles agressifs.
La prochaine annonce pourrait concerner l’accélération du déploiement de nouvelles offres fixes, un défi qui nécessite des investissements conséquents.
En Pologne, l’intégration de Play se poursuit. Les questions portent sur la rentabilité : Iliad a-t-il consolidé sa part de marché ? Peut-on s’attendre à des synergies nouvelles, voire à des services inspirés du modèle Free en France ? Les résultats du 25 mars seront scrutés pour évaluer la solidité de la conquête polonaise et, éventuellement, pour identifier de futures cibles d’expansion.
Des contentieux et décisions réglementaires à surveiller
Parallèlement, Iliad fait face à plusieurs dossiers juridiques et réglementaires, susceptibles d’affecter ses coûts et ses projets. La fameuse « loi anti-Huawei », imposant des restrictions à l’utilisation d’équipements chinois, reste un point de vigilance. Même si Free était moins dépendant de Huawei que certains concurrents, toute évolution légale ou tout litige devant l’ANSSI peut influencer sa stratégie 5G.
De plus, Iliad/Free a récemment engagé un bras de fer contre des interdictions jugées excessives autour des antennes chinoises. Une décision partiellement favorable est tombée, mais le dossier n’est pas clos et pourrait encore influer sur la marge d’action de l’opérateur. Le 25 mars ne sera sans doute pas l’occasion de dévoiler des changements drastiques, mais la direction d’Iliad pourrait revenir sur ses positions en matière d’infrastructures.
Quelles perspectives pour 2025 et au-delà ?
En définitive, la séance du 25 mars résume l’enjeu majeur pour Iliad : confirmer sa capacité à se démarquer dans un marché français saturé et à développer de nouveaux relais de croissance. Pour le grand public, l’attrait du 8 Gb/s symétriques, des box haut de gamme ou des offres 5G+ doit rester fort, alors même que les rivaux multiplient les innovations. Côté entreprises, Free Pro demeure un chantier déterminant à consolider. Enfin, sur le plan européen, l’Italie et la Pologne valent un suivi minutieux, outre la Suède car elles pourraient représenter un tiers ou plus de la dynamique globale du groupe si l’expansion est réussie.
Si le point presse du 25 mars révèle un bilan positif (notamment un accroissement du nombre d’abonnés fibre et 5G, une progression en Pologne, une bonne adoption de Free Pro), Iliad renforcera sa position d’acteur clé en Europe. En revanche, des résultats décevants soulèveraient des interrogations sur la soutenabilité de sa politique tarifaire et la faisabilité d’investir sur tous les fronts. Dans tous les cas, le verdict chiffré – associé aux éventuelles annonces – jettera un éclairage déterminant sur la trajectoire du groupe pour l’année à venir.