Depuis plusieurs mois, Netflix tente d’alléger la chronologie des médias qui s’applique en France. Son objectif ? Diffuser plus rapidement les films sortis en salles, afin de dynamiser son catalogue et répondre aux attentes de ses abonnés, y compris ceux qui accèdent à la plateforme via la Freebox. La plateforme américaine vise une fenêtre d’exploitation de 12 mois, loin des 15 actuellement imposés, mais n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente avec les organisations représentant le cinéma français. Résultat : Netflix a saisi le Conseil d’État pour contester l’arrêté qui officialise la chronologie des médias en vigueur.
Disney+ en position de force
Dans ce dossier, la comparaison avec Disney+ s’impose. Le service de streaming de la firme aux grandes oreilles bénéficie en effet d’un accord plus favorable, fixé à 9 mois après la sortie en salles. Cette obtention d’une fenêtre réduite repose sur des négociations approfondies et des engagements financiers conséquents envers la création hexagonale.
Par contraste, la démarche de Netflix se heurte à un refus de la filière, qui estime que l’effort d’investissement – pourtant considérable – ne correspond pas aux pourcentages requis par les accords professionnels en France.
Netflix, premier financeur du cinéma français ?
Aux yeux du grand public, Netflix apparaît pourtant comme l’acteur qui mise le plus sur les productions locales. La plateforme revendique plus de 50 millions d’euros annuels dédiés aux films français, répartis sur une vingtaine de titres. Ce volume dépasse largement les investissements consentis par d’autres géants du streaming.
Mais selon les représentants du septième art, il ne suffirait pas simplement d’être le premier bailleur de fonds en valeur absolue : il faut aussi respecter un quota de financement lié au chiffre d’affaires réalisé dans l’Hexagone.
Un bras de fer qui se durcit
Dans ce contexte, Netflix a fait le choix de judiciariser le débat en portant l’affaire devant le Conseil d’État. Pour la plateforme, l’argument est clair : en contribuant largement à la diversité et à la création, elle mérite une fenêtre plus courte.
Les acteurs traditionnels du cinéma soulignent au contraire que la loi et les accords conclus en commission prévoient une harmonisation pour tous les diffuseurs, sans traitement de faveur. Ce rapport de force a pour effet de prolonger une situation de blocage, qui maintient la fenêtre Netflix à 15 mois.
Quel impact pour les abonnés Freebox ?
Pour les détenteurs d’une Freebox, cette bataille administrative pourrait avoir des répercussions sur l’offre proposée par Netflix, même si celle-ci reste un incontournable du paysage de la SVOD. L’allongement de la fenêtre de diffusion signifie notamment que certains films tardent à faire leur apparition sur la plateforme.
À l’heure où la concurrence s’intensifie – Disney+, Prime Video et d’autres services intégrés à l’écosystème Freebox –, disposer d’exclusivités cinématographiques devient un facteur clé de différenciation.
Une situation appelée à évoluer
Il est difficile de prévoir si Netflix parviendra à faire modifier la chronologie des médias via la plus haute juridiction administrative française. Une décision favorable permettrait de rééquilibrer les règles du marché, alors que Netflix se positionne comme le principal financeur du cinéma tricolore parmi les services de streaming. En attendant, la plateforme réaffirme son engagement : « Nous voulons réduire à 12 mois le délai d’accès aux films après leur sortie, une demande constante depuis 2022. »
Entre des exigences de financement défendues par la filière cinéma et la volonté de Netflix d’obtenir un traitement plus favorable, le débat semble donc loin d’être clos. Les abonnés Freebox et plus largement tous les amateurs de films français devront donc patienter pour savoir si le Conseil d’État donnera raison au numéro un mondial de la SVOD. Une victoire de Netflix pourrait ouvrir la voie à de nouvelles négociations, tandis qu’un rejet entérinerait pour un temps la fenêtre d’exploitation à 15 mois.