Le géant californien Google vient de subir un revers judiciaire majeur aux États-Unis. La justice fédérale, par la voix de la juge Leonie Brinkema, a conclu que l’entreprise avait abusé de sa position dominante sur certains segments clés du marché de la publicité en ligne. Ce jugement, rendu le 17 avril 2025, marque une étape importante dans la régulation des grandes plateformes technologiques, accusées depuis plusieurs années de verrouiller l’espace numérique au détriment des éditeurs, des annonceurs et de la concurrence.
Une mécanique d’exclusion pointée du doigt
Selon le tribunal du district Est de Virginie, Google a enfreint les sections 1 et 2 du Sherman Act. En liant son serveur publicitaire pour éditeurs (DoubleClick for Publishers – DFP) à sa propre plateforme d’échange d’annonces (AdX), le groupe aurait verrouillé un accès stratégique au marché, empêchant les acteurs concurrents de proposer leurs solutions dans des conditions équitables. Cette stratégie aurait permis à Google de maintenir une part de marché supérieure à 90 % dans ces segments, au prix d’une limitation effective de la concurrence.
Des sanctions en discussion, mais déjà un précédent historique
Si la juge n’a pas encore statué sur les sanctions concrètes, plusieurs options sont désormais sur la table, y compris l’interdiction de lier certains services ou la séparation forcée de certaines activités publicitaires. Une décision de ce type serait inédite contre un acteur de cette taille. Les discussions sur les mesures correctives auront lieu lors d’une audience ultérieure, mais le signal envoyé au secteur est clair : l’ultra-domination des géants de la tech n’est plus tolérée sans condition.
Google prépare son appel et tente de minimiser la portée de la décision
Google, par la voix de sa vice-présidente des affaires réglementaires Lee-Anne Mulholland, a déjà annoncé son intention de faire appel. L’entreprise estime avoir obtenu gain de cause sur une partie du dossier, notamment sur les accusations portant sur l’acquisition de DoubleClick en 2008. La juge a en effet considéré que le rachat n’avait pas, à lui seul, éliminé la concurrence de manière suffisante pour justifier une sanction à ce titre.
Un contexte de durcissement global contre les géants de la tech
Cette affaire s’inscrit dans une vague plus large de procédures engagées par les autorités américaines contre les grandes entreprises technologiques. Le Département de la Justice (DOJ) ainsi que la Federal Trade Commission (FTC) multiplient les actions visant à encadrer les pratiques anti-concurrentielles, comme dans le cas de Meta, actuellement poursuivi pour l’acquisition d’Instagram. Le dossier Google dans la publicité pourrait ainsi devenir un précédent majeur dans l’histoire de la régulation du numérique.