La procédure va vite, mais elle est d’importance tant pour l’avenir du quotidien que pour celui de ses salariés, et sera examinée ce matin à Aix en Provence, par la Cour statuant dans le cadre de l’appel formé par Xavier Niel, du chef de la décision rendue par le Tribunal de Commerce de Marseille il y a quelques semaines.
Cette décision était venue priver Xavier Niel, de la possibilité d’user la clause d’agrément dont il disposait statutairement via la holding NJJ, d’ores et déjà partie prenante à hauteur de 11% dans le capitale de la société anciennement détenue par Bernard Tapie.
En jeu, ce sont les 89% restant, qui maintiennent les 850 salariés du Groupe, dans le flou artistique le plus total, notamment depuis l’ouverture de la procédure de liquidation judiciaire dans le courant de l’année 2020.
En premier lieu et à titre préliminaire, ce sera la recevabilité de l’appel qui sera examinée, mais en second lieu, la possibilité ou pas pour Xavier Niel de barrer la route à CMA CGM, armateur marseillais, qui fait le forcing depuis le départ pour obtenir les 89% de parts restantes, pour qui la situation est légèrement favorable à l’heure actuelle.
Si d’aventure, les cartes devaient être rebattues et voir le jugement rendu par le Tribunal de Commerce de Marseille, le droit de véto de la holding resterait maintenu, conférant ainsi au Conseil d’Administration de la Provence, de mettre un terme à toutes discussions avec la société de Rodolphe SAADA.
Un autre actionnaire serait alors proposé, sous réserve de l’évaluation des titres en jeu mais surtout au risque d’engager une véritable guerre de tranchées avec les acteurs de la liquidation judiciaire, le mandataire en tête, à l’origine de cette folle mise aux enchères.
Une guerre du mieux disant qui divise les salariés du Groupe.
Car CMA CGM a mis en jeu pas moins de 81 millions d’euros pour se porter acquéreur de la participation au capital social anciennement dévolue au Groupe Bernard TAPIE ; en lieu de place des 20 millions proposés par Xavier Niel, dont le projet est bien différent.
Or, la liste des créanciers est bien trop longue pour le liquidateur se contente du minimum au risque d’en sacrifier quelques uns au passage.
La décision devrait être rendue assez rapidement au regard des enjeux et de la rapidité avec laquelle cette procédure a été audiencée devant la juridiction du Second Degré pourtant très encombrée mais interviendra postérieurement à la prochaine réunion du Conseil d’Administration de la Provence convoquée à la fin du mois d’avril, pour laquelle le droit de véto de NJJ est maintenu à titre conservatoire et guidera le vote des administrateurs de la société, à savoir : les deux représentants d’Avenir Développement (la filiale de NJJ), le fils de Bernard Tapie, Stéphane Tapie, Franz-Olivier Giesbert et le PDG de La Provence, Jean-Christophe Serfati.
De son côté, l’offre de CMA CGM, a été approuvée jeudi par les six comités d’entreprises de La Provence, considéré comme un « projet économiquement viable » pour leurs titres, « soutenu par un investissement massif », même si elle ne recueille pas les meilleurs sentiments de la part d’un bon nombre de salariés du Groupe, coincés entre le marteau et l’enclume.
« Dès le départ, la stratégie de CMA CGM a été d’essayer de compenser le handicap qu’il a par rapport à NJJ, en raison du droit d’agrément, en emportant au maximum l’adhésion des représentants du personnel. Il y avait beaucoup d’annonces très positives, un peu à la Père Noël, mais on avait le sentiment que c’était uniquement pour nous convaincre » indique Marie-Cécile Bérenger, représentante CFDT pour Challenges, ne se leurrant ainsi pas sur les éventuelles illusions suscités par ce projet.
Le délibéré est attendu sous un mois.