Le fondateur d’Iliad, Xavier Niel, poursuit son expansion en Europe, et plus particulièrement en Irlande, avec une nouvelle montée au capital de l’opérateur Eir. Par l’intermédiaire de ses structures d’investissement NJJ et du groupe Iliad, il détient désormais 70 % du capital de Carraun Telecom Holdings, maison mère de l’opérateur télécom. Une opération discrète mais hautement significative, qui traduit la constance de l’homme d’affaires dans le développement d’un réseau européen alternatif.
Une prise de contrôle progressive mais assumée
Entré au capital d’Eir en 2018, Xavier Niel s’était alors allié aux fonds Anchorage Capital et Davidson Kempner, dans une répartition à trois têtes. À l’époque, sa part (via Iliad et NJJ) représentait 64,5 % du capital. Mais selon les dernières informations de La Lettre de l’Expansion, NJJ Boru, structure détenue par NJJ Tara et Xavier Niel, a récemment porté cette participation à 70 %, ne laissant plus que 30 % au fonds Anchorage.
Ce rachat partiel reconfigure la gouvernance d’Eir, tout en consolidant le contrôle opérationnel de Xavier Niel. L’opération n’a rien d’anecdotique : elle renforce la capacité d’Iliad et de NJJ à piloter les décisions stratégiques de l’opérateur dans un marché dynamique, mais en pleine recomposition.
Une rentabilité démontrée : 2 milliards de dividendes
Au-delà du pouvoir de gouvernance, cette montée en capital est révélatrice de la rentabilité exceptionnelle de l’investissement initial. Eir aurait versé près de 2 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires depuis 2018. Une somme considérable, surtout si l’on considère que l’investissement initial de Xavier Niel s’élevait à 640 millions d’euros.
Ce retour sur investissement confirme la pertinence de la stratégie à long terme du fondateur d’Iliad : acquérir des actifs télécoms matures à forte génération de cash-flow, les restructurer ou les optimiser, puis en tirer une rentabilité durable.
Une stratégie de diversification géographique maîtrisée
Ce mouvement s’inscrit dans une logique plus large de diversification du portefeuille télécom de Xavier Niel. Si Iliad opère directement en France, en Italie et en Pologne, NJJ, sa holding personnelle, lui permet d’investir dans d’autres marchés européens sans passer par la structure cotée. C’est le cas notamment de Monaco Telecom, Salt en Suisse, ou encore Play en Pologne (désormais intégré à Iliad).
Avec Eir, Xavier Niel mise sur un marché irlandais stable, bien connecté au sein de l’Europe numérique. Ce pays dispose d’infrastructures modernes, d’un bon taux de pénétration mobile, et d’une fiscalité avantageuse pour les groupes internationaux.
Une vision industrielle long terme
Ce renforcement capitalistique dans Eir est aussi à lire comme un signal qu’il faut prendre en considération. En renforçant son poids au capital, Xavier Niel se donne les moyens de pérenniser une croissance rentable, en déployant potentiellement la culture Iliad (simplicité, innovation, efficacité opérationnelle) dans un cadre local spécifique. Cette logique d’essaimage de son modèle industriel est désormais bien rodée.