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Xavier Niel ouvre la voie aux investisseurs en Ukraine

Crédit photo Freenews / Isabelle Deromas

Le feu vert a été donné en toute fin du mois de juillet dernier par l’autorité de régulation ukrainienne à une deuxième acquisition pour Xavier Niel en Ukraine, quelques semaines Avec un engagement financier totalisant un milliard d’euros, l’opérateur devient le plus important investisseur étranger dans le pays. Cette initiative audacieuse et stratégique reflète parfaitement le style distinctif de Xavier Niel, souvent perçu comme un perturbateur dans le secteur des télécoms.

Une expansion décisive dans un pays qui doit se relancer sur le marché international

À peine neuf mois après l’annonce de l’accord pour racheter Lifecell, le troisième opérateur de téléphonie mobile en Ukraine, Xavier Niel a donc obtenu l’approbation du comité ukrainien de régulation des télécommunications, connu sous le nom d’Antimonopoly Committee of Ukraine, ce qui a été confirmé par un communiqué en date du 26 suivant.

L’organisme a également accordé une autorisation de deux ans pour des actions concertées stipulées par l’accord d’achat-vente pour des participations dans les sociétés du groupe Lifecell entre Lifecell Ventures B. V., Global Bilgi Pazarlama Danismanlik ve Cagri Servisi Hizmetleri A.S., Kule Hizmet ve Isletmecilik A.S. et NJJ Capital qui a été signé le 29 décembre 2023.

Il a été rapporté précédemment que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a approuvé un prêt de 217,5 millions de dollars, dont la moitié des 435 millions de dollars fournis par l’International Finance Corporation pour financer l’opérateur de ligne fixe fusionnée Lifecell et Datagroup-Volia après que NJJ ait finalisé son acquisition de Turkcell.

La nouvelle société sera donc détenue à 85 % par NJJ, une société de portefeuille d’investissement opérant principalement dans le secteur des télécommunications, à 10 % par Horizon Capital, un fonds de capital-investissement axé sur les investissements dans l’Europe émergente, et à 5 % par Mikhail Shelemba, PDG et actionnaire minoritaire de Datagroup-Volia.

Cette société fusionnée devrait avoir environ 5 000 employés travaillant au bureau et sur le terrain.

Le Comité antimonopole a dans le même temps accordé à DVL Telecom l’autorisation d’acquérir une participation majoritaire dans Datagroup Holding Limited (Datagroup-Volia) le 7 mars 2024. Cependant, le régulateur a déclaré qu’il avait trouvé des raisons d’interdire l’acquisition du contrôle de Lifecell Group par DVL Telecom et a demandé en avril des informations supplémentaires.

En acquérant successivement Datagroup-Volia, leader dans les services de télécommunications fixes et de télévision payante, puis Lifecell, Xavier Niel s’engage donc à injecter un milliard d’euros dans ce vaste pays en guerre avec la Russie.

Des négociations complexes mais un résultat significatif

Xavier Niel, opérant par le biais de sa holding NJJ, a pris les rênes des négociations et assuré personnellement le suivi des transactions selon Challenges et les pourparlers avec Horizon Capital, le fonds d’investissement américain propriétaire de Datagroup-Volia, se seraient déroulés sans accroc majeur , ce qui ne serait pas le cas de Lifecell , dont les négociations avec le gouvernement turc, se sont révélées ardues jusqu’à ce que la crise monétaire locale contraigne le gouvernement à rechercher des devises.

Un Pari Calculé sur un Marché Prometteur

C’était un pari risqué pour Xavier Niel, qui mise uniquement sur le potentiel de croissance d’un pays qui est au coeur d’un conflit sans commune mesure depuis maintenant de trop nombreux mois et qui se fonde uniquement sur des tendances économiques estimées favorables : depuis le début de la guerre, les revenus des entreprises de télécommunications en Ukraine ont considérablement augmenté, portés par une hausse des échanges téléphoniques et des communications numériques entre les Ukrainiens et leurs proches expatriés.

En consolidant ses actifs pour former une nouvelle entité, Niel envisage de créer un acteur dominant capable de fournir des services de télécommunications fiables et sécurisés, se positionnant ainsi comme un véritable « champion national » aux yeux des consommateurs ukrainiens alors que le marché est particulièrement sinistré.

Un message fort à secouer le marché pour la concurrence

Les autres acteurs du marché ukrainien, tels que Kyivstar, appartenant au groupe Veon et ayant des liens avec l’oligarque russe Mikhail Fridman, pourraient se trouver en difficulté face à cette nouvelle concurrence. De même, Vodafone Ukraine, sous le contrôle de l’homme d’affaires azéri Nasib Hasanov, pourrait également rêtre confronté à de nombreux défis. Selon les médias ukrainiens, Lifecell est actuellement le seul des trois principaux opérateurs à avoir vu sa base d’abonnés augmenter, ce qui indique un soutien fort pour la vision d’un opérateur national indépendant, soutenu par des capitaux étrangers non russes.

Cette démarche stratégique, alignée avec une vision globale d’expansion dans le secteur des télécommunications, positionne Xavier Niel que manière stratégique sur le marché ukrainien. En combinant les services fixes et mobiles sous une seule marque et en adoptant un modèle de facturation unique, Xavier Niel anticipe une demande croissante dans un pays qui comptait 44 millions d’habitants avant l’invasion russe. En outre, Niel envisagerait d’introduire des programmes de formation en Ukraine, inspirés de l’école 42, pour développer les compétences locales.

Xavier Niel pave-t-il la voie pour d’autres entreprises françaises en Ukraine ? Son initiative a déjà suscité un intérêt accru. Capgemini, par exemple, a récemment annoncé une augmentation de ses effectifs en Ukraine, tandis que Suez explore également des opportunités dans le pays. Sur le plan gouvernemental, l’Agence française de développement (AFD) a ouvert un bureau à Kiev en juillet, marquant un engagement plus prononcé de la France à soutenir l’Ukraine. Ces développements montrent clairement que la France entend intensifier son rôle dans le soutien à l’Ukraine, tant sur le plan économique que politique.

Source Interfax.

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