Xavier Niel a présenté aujourd’hui son projet en remplacement de M6, dénommé la SIX, avec quelques coups de griffes portés à la concurrence mais aussi, plus largement, au paysage audiovisuel français actuel qu’il trouve obsolète.
Alors que sa candidature s’apparentait plus au trouble-fête qu’à quelque chose de sérieux, c’est une véritable réflexion qu’engage Xavier Niel, non seulement sur la chaîne en elle-même, mais sur ce qui l’entoure d’une manière générale. A ce niveau des négociations, c’est d’ailleurs très clairement M6 qui intéresse Xavier Niel non pas TF1.
Et ce qui le rend légitime c’est non seulement sa réussite dans les télécoms avec une arrivée disruptive sur le marché du mobile il y a maintenant 11 ans avec Free et son rebattage des cartes mais aussi sa vision particulière de la créativité dans l’audiovisuel, domaine particulièrement en berne, ce que personne n’osait admettre.
En d’autres termes, Xavier Niel une fois de plus fait preuve de cette lucidité nécessaire en mettant les pieds dans le plat ou plutôt celui du PAF via sa holding NJJ qui lui permet d’avoir une crédibilité supplémentaire financièrement parlant, dans l’idée de « créer une nouvelle chaîne » et non pas de recycler l’eau du bain.
« On ne souhaite pas que les téléspectateurs perdent leur rendez-vous mais gagnent en diversité » précise-t-il par ailleurs en garantissant le maintien d’un certain nombre de leurs repères mais :
- pas début de primetime après 21 heures ;
- moins de publicité;
- 180 minutes de vrai information ;
- 20% du temps d’antenne dédié à la musique en alternance avec du documentaire le vendredi soir ;
- la création de 623 postes dont 160 journalistes et 140 techniciens ;
- … le retour de « Plus belle la vie » …
Un projet bien ficelé et qui a les reins solides …
Son projet est par ailleurs complet, solide, et fait le tour de l’ensemble des problématiques qui pourraient lui être soulevées, tant au sujet du signal linéaire que des relations contractuelles avec les fournisseurs d’accès ou bien les tarifs appliqués sur les reprises de flux.
Du côté des programmes, là également, rien n’a été laissé au hasard, avec une proportion de 25% de rediffusions le matin pour rester dans une ligne budgétaire convenable tout en alimentant la boucle sur un horaire laissé pour compte par les téléspectateurs.
La part belle serait faite à l’information en directe, au détriment du téléachat qui disparaîtrait définitivement de la grille des programmes.
Le chantier aurait bien évidemment un coût, avec une perte estimée à environ 600 millions d’euros les quatre premières années, ce qui paraît inéluctable mais justement là aussi très lucide.