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Le site high-tech Ars Technica, bien connu outre-Atlantique, a réalisé un dossier tentant d’expliquer pourquoi, dans certains cas, des services comme YouTube se mettent à ramer chez certains opérateurs… comme par exemple chez Free.
« Pourquoi YouTube rame : les accords secrets qui font — et défont — la vidéo en ligne » ; c’est le nom du dossier, particulièrement instructif, publié par Ars Technica ce jour. Le site y énumère quelques cas connus de problèmes entre opérateurs et fournisseurs de contenus dans le monde ; la France y est, hélas, la mieux représentée. Il y a, bien entendu, l’opposition médiatisée opposant Free à Google (ayant abouti à un blocage temporaire des publicités de ce dernier), mais également l’opposition entre Cogent et divers opérateurs européens, notamment Orange.
Le dossier explique dans le détail les raisons de tels affrontements. Il expose les notions de peering et de transit, et met en évidence les problèmes que cela peut causer quand deux parties n’arrivent pas à se mettre en accord sur les conditions tarifaires à appliquer, soulignant que dans la chaîne, « tout le monde veut toujours être payé ».
Le problème se pose lorsque la quantité de données échangées entre l’opérateur et le prestataire (ou le fournisseur de contenus) est particulièrement disproportionné. C’est le cas chez Cogent, qui fournit une partie du trafic de YouTube mais également de Netflix, un autre service de streaming vidéo très populaire aux US. La quantité de données envoyées par Cogent est donc très supérieure à celle reçue — et c’est là que les opérateurs, comme l’américain Verizon, réclament une compensation financière.
Cela entraîne une situation où les opérateurs exigent d’être rémunérés doublement : « Verizon et Netflix sont payés par les utilisateurs d’Internet, et Cogent est payé par Netflix. Verizon veut être payé deux fois — par ses propres clients et par Cogent », résume le dossier.
En France, l’Arcep a partiellement répondu à la question ; le gendarme des télécoms a estimé que Free ne s’était pas rendu coupable de pratiques particulièrement discriminatoires à l’égard de Google, au terme de son enquête. Et ce, bien que le trafic soit congestionné aux heures de pointe, de l’aveu même du régulateur.
Benoît Felten, un observateur français interrogé par Ars Technica, considère pour sa part que l’idée des opérateurs européens de faire payer les fournisseurs de services (tels YouTube ou Netflix) est « absurde ». « Les consommateurs payent déjà pour cela (…) ils vendent un service, qui consiste à accéder à Internet, à l’utilisateur final. Ils réalisent une grosse marge dessus. Pourquoi devraient-ils obtenir des revenus supplémentaires pour quelque chose, alors qu’ils sont déjà payés pour cela ? ». Pour lui, économiquement, c’est un non-sens car le prix du transit est « constamment en train de baisser… À un certain point, on se retrouvera à payer plus cher pour du peering que pour du transit, ce qui est absurde ».
L’ensemble du dossier est à lire sur Ars Technica. On en recommandera chaudement la lecture à quiconque maîtrisant suffisamment la langue de Shakespeare !