Après plusieurs années d’une politique destructrice à la tête de Canal+, Vincent Bolloré cède sa place. Non sans avoir placé ses lieutenants à tous les postes stratégiques.
C’est avec un bilan peu glorieux que Vincent Bolloré a choisi de laisser les rênes du groupe Canal+. Jean-Christophe Thiery, homme fort de l’empire Bolloré (passé par Direct 8, Direct Matin, Bolloré Média…), peu connu du grand public, hérite de son poste de président du conseil de surveillance de Canal+.
Ce faisant, Jean-Christophe Thiery cède lui-même sa place de président du directoire à Maxime Saada, déjà directeur général de Canal+. Cet autre fidèle de Bolloré devient le visage incontournable du groupe Canal+, dont il hérite de la direction opérationnelle de l’ensemble des activités. Il cumule en parallèle les rôles de président de Studiocanal, PDG de Dailymotion et membre du conseil d’administration de Gameloft.
Sous Bolloré, des réformes destructrices pour le groupe Canal+
Sur le départ, Vincent Bolloré continuera pourtant à exercer un rôle de contrôle majeur sur Canal+, en tant qu’actionnaire de référence et membre du conseil de surveillance.
Son bilan est pourtant, pour le moins, contesté par les observateurs. Sa reprise en main musclée du groupe Canal+, en 2015, s’est traduite par une valse des dirigeants, remplacés par des Bolloboys à tous les étages. Côté programmes, les nombreux changements imposés par Bolloré sur la tranche en clair de Canal+ se sont traduits par une désertion quasi-généralisée. Tandis qu’il réunissait encore près d’1,1 million de téléspectateurs chaque soir en 2015 (avec le Grand Journal, le Petit Journal et les Guignols de l’Info), le clair de Canal+ ne parvient désormais à mobiliser que 100 à 150 000 fidèles avec son « Info du Vrai » présentée par Yves Calvi. Une audience divisée par 7 à 10 en l’espace de trois ans, qui dit mieux ?
Pendant ce temps, la fuite des abonnés s’est poursuivie en France. Pour compenser, le groupe a dû changer de stratégie en permettant l’arrivée d’abonnements « wholesale » telles que le bouquet TV by CANAL intégré à l’offre Freebox Révolution. Mais c’est surtout de l’international que Canal+ tire son salut, notamment de sa croissance en Afrique.
Bolloré n’a pas limité cette destruction de valeur à la chaîne éponyme du groupe. En octobre 2016, face aux projets de la direction, la rédaction d’I-Télé entamait une grève historique qui durera 31 jours. Privée de la majeure partie de ses équipes suite à ce bras de fer, I-Télé mettra quelques mois supplémentaires à se relever et amorcer sa métamorphose en CNEWS. Elle ne parviendra jamais totalement à reconquérir l’audience perdue dans l’opération.