One vision
La seconde journée du forum eG8 n’est pas terminée, et déjà, la légitimité de ce “sommet mondial de l’Internet” organisé par la France est contestée de toutes parts. Un regroupement de représentants de la société civile a tenu ce matin sa propre conférence sous forme de contre-sommet…
Diverses personnalités ont organisé dans l’urgence, ce matin, une conférence de presse destinée à interpeller le public, en marge du sommet officiel : étaient présents Lawrence Lessig (fondateur des Creative Commons), Jeff Jarvis (journaliste américain), Jean-François Julliard (secrétaire général de RSF), Susan Crawford (ancien membre du conseil d’administration de l’ICANN) et Jérémie Zimmermann (porte-parole de la Quadrature du Net).
Ces représentants de la société civile ont tenu à interpeller l’opinion sur un sommet qualifié d’« écran de fumée » : composé d’industriels, de membres du gouvernement et d’ayants-droits, l’eG8 ne dispose d’aucune représentation des internautes.
Après une première journée de débats, les intervenants de ce contre-sommet ont dénoncé un sommet extrêmement consensuel. Sous couvert de forum mondial, l’eG8 ne serait qu’un prétexte à soulever des problématiques peu en phase avec les réalités du net, telles que les intérêts des entrepreneurs, la protection des droits d’auteur ou le contrôle du net par les gouvernements (l’« Internet civilisé »). Le tout, sans qu’un réel débat ne soit possible, puisqu’en l’absence de représentants de la société civile parmi les intervenants, « Internet n’est pas représenté » (Lawrence Lessig).
La Quadrature du Net a souligné, dans un communiqué, le fait que la plupart des intervenants soient « des sponsors de l’événement ou de membres du gouvernement français » et dénonce un danger : « L’eG8 est une mise en scène où un gouvernement déconnecté de la civilisation Internet espère apparaître en phase avec celle-ci en se montrant en compagnie de quelques leaders économiques du secteur. Cela ne serait que pathétique si ce n’était pas un écran de fumée masquant de dangereuses remises en cause des libertés fondamentales et une tentative de reprise en main de notre cher Internet », alerte Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature.