L’Arcep poursuit sa série d’interviews en vidéo de grandes personnalités du monde du net, sur le thème délicat de la neutralité des réseaux, en vue de l’organisation d’un grand colloque le 13 avril prochain. Au tour de Vincent Teissier (directeur du développement de Cogent) et de Michel Riguidel (enseignant-chercheur à Télécom ParisTech) de passer sur le grill…
Vincent Teissier, directeur de développement de Cogent (opérateur de transit Internet), rappelle qu’il existe de véritables risques de distortion de concurrence en cas de non-neutralité du réseau : « certains fournisseurs d’accès à internet issus des opérateurs historiques européens ont tendance à dégrader intentionnellement la qualité de leur service d’accès à internet pour amener leurs clients à aller vers leurs plateformes de contenus et de services plutôt que vers celles qui sont disponibles sur internet », remarque-t-il. De ce point de vue, d’acord économique, il tire un constat d’ordre plus humain : « est-ce qu’on veut vraiment limiter l’innovation, le développement de nouveaux services et de nouvelles activités sur Internet, pour des raisons essentiellement économiques ? » s’interroge-t-il.
Michel Riguidel, enseignant-chercheur à Télécom ParisTech, s’oppose à la neutralité du réseau et y préfère des « communications efficaces et équitables ». Il s’appuie sur l’étymologie latine du mot neutralité pour dire que le réseau y est « un encéphalogramme plat où l’intelligence est à la périphérie », ce qu’il définit comme une « vieille conception des réseaux ». Selon lui, une telle vision est dépassée, « c’est la négation de l’évolution du réseau […] c’est l’arrêt, presque la mort de l’Internet ».
En retour, il met en avant des technologies telles que le DPI (Deep Packet Inspection) capable d’analyser en profondeur les paquets transitant sur le réseau, ce qui permettrait de « mettre de l’intelligence dans les réseaux pour pouvoir enrichir les applications de la communication de manière étendue ».