Luc Chatel, instigateur de la loi du même nom pour la défense des consommateurs dans le domaine des télécoms, réagit à la perspective d’une remise en cause du texte par l’actuel gouvernement.
Lors de rencontres avec les opérateurs mobiles et leurs syndicats, les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont prévu la possibilité de « détricoter la loi Chatel », en allégeant les obligations des opérateurs vis-à-vis de leurs consommateurs, dans le but avoué de revitaliser l’emploi sur le territoire français.
Luc Chatel ne voit évidemment pas ce projet d’un bon œil. « Le gouvernement veut prendre les consommateurs en otages », explique-t-il dans une interview consacrée au Parisien / Aujourd’hui en France. Et de tenir des propos particulièrement durs envers les opérateurs : « nous avons affaire à un cartel. Déjà, en 2005, lorsque j’avais fait voter la première loi, les opérateurs s’y étaient farouchement opposés. Aujourd’hui encore, ils se retranchent derrière le mirage du rapatriement des emplois, mais ce n’est pas en revenant sur les acquis des consommateurs que cette question sera résolue ».
Pour l’ancien secrétaire d’État à la consommation, la solution se trouve ailleurs : « il est nécessaire d’entamer une réflexion sur “comment rendre notre pays plus attractif”. Ce n’est pas en revenant sur les droits des consommateurs que nous trouverons une solution. L’intérêt des opérateurs, c’est que leurs clients se sentent en confiance, qu’ils aient envie de consommer et d’utiliser leurs services. Les clients font vivre l’entreprise », analyse-t-il.
Il remarque enfin qu’il ne convient pas, comme le font certains opérateurs, de rejeter la responsabilité des problèmes d’emploi actuels sur le nouvel entrant de la téléphonie mobile. « C’est moi qui ai autorisé l’arrivée de Free sur ce marché (…) L’irruption de ce nouvel acteur a été une bonne chose, pour les consommateurs bien sûr, mais aussi pour tout le secteur. La libre concurrence est bénéfique pour les opérateurs, elle les pousse à étoffer leurs services, et donc à inciter un nombre croissant de clients à souscrire leurs contrats ». Selon lui, l’effet conjugué de la loi Chatel et de l’arrivée de Free a permis « une baisse des prix dans la téléphonie de 18% et davantage de transparence et de liberté ».
Source : Le Parisien / Aujourd’hui en France