Ça sent toujours la panique
Dans un communiqué, le groupement syndicaliste CFE-CGC/UNSA France Télécom Orange s’en prend violemment au nouveau venu, Free Mobile… quitte à accumuler les exagérations et les contre-vérités.
Intitulée « Xavier Niel prend-il tous les Français pour des c… ? », la diatribe prétend expliquer pourquoi les tarifs de Free sont si bas… et ce qui risque de se passer si les Français basculent massivement leurs abonnements chez Free Mobile.
« Le consommateur y gagne aujourd’hui. Les salariés ont perdu. Demain les citoyens paieront », menace le communiqué, qui cite un certain nombre de points jugés polémiques.
On apprend notamment que « Free Mobile est financé par ses concurrents via la terminaison d’appel ». En effet, sur un marché régulé, Free bénéficie bien d’une terminaison d’appel plus élevée que ses concurrents, à 2,4 c€ la minute. Il ne s’agit pas d’une première : en tant que nouvel arrivant, Bouygues Telecom avait bénéficié d’un avantage similaire pendant de nombreuses années.
Ce montant fixé par l’Arcep (et approuvé par l’Autorité de la concurrence) n’a absolument pas pour but de « financer l’installation » de Free, contrairement à ce qu’expliquent les syndicats ; il s’agit juste d’un moyen de ne pas trop défavoriser le nouvel entrant, qui passera dans un premier temps beaucoup plus d’appels vers ses concurrents (disposant de plus d’abonnés). Quoi qu’il arrive, que Free ait atteint ou pas le nombre d’abonnés qu’il souhaite, sa terminaison d’appel sera rapidement ramenée à un niveau proche de ses concurrents, par paliers. L’avantage devrait totalement disparaître en juillet 2014.
Le communiqué se demande également si « le réseau Free Mobile est réellement activé ». À ce sujet, laissons la direction d’Orange répondre.
Free est enfin attaqué sur le secteur de l’emploi. Les syndicats annoncent une « délocalisation massive » au Maroc, via trois prestataires externes (Teleperformance, Webhelp et Outsourcia). À en croire la missive, il y aurait « peu ou pas de création d’emplois en France pour le lancement de ce nouvel
opérateur mobile ». Free est également jugé responsable d’une « perte d’au moins 10 000 emplois » estimée à venir sur l’ensemble du secteur.
Là encore, il semblerait que la situation soit au mieux exagérée, au pire complètement déformée, par les propos des syndicats : rien que pour l’arrivée de son offre mobile, en quelques mois, Free a ouvert deux nouveaux centres d’appels en région parisienne, à Vitry-sur-Seine et à Colombes, dotés de respectivement 700 et 800 postes — soit autant de créations d’emploi en une courte période. Quel autre opérateur peut en dire autant ?
On pourrait continuer longtemps l’analyse de la prose du CFE-CGC/UNSA Télécoms, qui s’en prend notamment aux téléphones proposés à crédit de Free, au buzz « offert » par les médias (« si tout le monde fait comme Free, la presse, déjà bien mal en point, ne pourra plus se financer »), et accuse le nouvel entrant de mener une « stratégie du coucou », de procéder à une « destruction de valeur »… autant de reproches qui semblent repris du passé, lorsque Free lançait son offre ADSL à prix cassé avec la Freebox.
Loin de nous l’idée de dresser le portrait d’un Free Mobile exempt de tout reproche. Mais tenter d’insuffler la peur de Free avec les mêmes arguments qu’il y a 10 ans est-elle la meilleure des stratégies ? Nous nous permettons d’en douter…