Michel Combes, CEO Europe du groupe Vodafone, dénonce dans une tribune parue dans Les Echos l’attitude des régulateurs des télécoms européens, qu’il accuse de « myopie ». Il met notamment en cause une logique de baisse de prix, s’appuyant sur le cas français de Free, jugé « caricatural »…
Dans ce qui ressemble à une attaque féroce envers les régulateurs, « obsédés par la baisse des prix », il s’en prend en réalité au choix de l’attribution d’une quatrième licence 3G, et à Free Mobile (un « opérateur sous-dimensionné, au modèle économique improbable ») :
« Pourquoi promouvoir de nouveaux entrants sur des marchés matures, alors que la croissance toussait, que les marges s’amenuisaient et que l’accès aux financements, pour investir dans les réseaux devenait de plus en plus coûteux ? L’époque a changé. Pas les régulateurs. Pourquoi continuent-ils de prôner la concurrence avant de regarder si les investissements réalisés ont été amortis ? Pourquoi la Commission européenne réclame-t-elle toujours plus d’harmonisation des prix entre les marchés européens alors que les indicateurs n’ont jamais autant divergé d’une économie à l’autre ?
Il est temps que l’Europe sorte du pilotage automatique du système, hérité d’une autre époque, et adopte une stratégie industrielle proactive. Plutôt que de ne retenir que le nombre d’acteurs sur un marché, ou le degré de concentration de ce marché, elle devrait accorder une place plus importante à l’effort d’investissement, à l’innovation et à la capacité des opérateurs d’exploiter leur modèle d’une manière rentable et durable sans les béquilles du régulateur. Les prix ne devraient être qu’une donnée parmi d’autres. Le cataclysme provoqué par l’arrivée de Free en France illustre ces fausses bonnes idées sur lesquelles sont assis depuis vingt ans nos régulateurs. Il est temps de rééquilibrer dans leur mandat le rapport entre concurrence, baisse des prix et investissement. C’est la condition pour dégager un retour suffisant pour financer les nouveaux investissements dans les réseaux et les infrastructures. »
Bien qu’il se soit retiré du marché français en cédant ses parts de l’opérateur SFR, qu’il détenait à 44% (aux côtés de Vivendi, désormais unique propriétaire), Vodafone, par l’intermédiaire de son PDG européen, continue donc à broyer du noir. Comme s’il n’avait pas tout à fait accepté l’arrivée de Free Mobile en tant qu’acteur sur le marché du mobile…