En haut, en bas, à gauche, à droite…
Alors que ce jour marque la clôture des dépôts de dossier pour la reprise du Monde, dans la presse et en politique, c’est la polémique engendrée par les propos de Nicolas Sarkozy à l’encontre de Xavier Niel qui monopolise l’attention…
A l’attention des retardataires, on rappellera que le président de la République était intervenu en personne auprès du directeur du Monde, Eric Fottorino, afin de peser contre le dossier de reprise déposé par le trio Matthieu Pigasse-Pierre Bergé-Xavier Niel. Concentrant tout particulièrement son énergie contre ce dernier, il l’avait alors qualifié d’« homme du peep show » (voir notre article).
La polémique a depuis enflé, à tel point que les hommes politiques s’en sont désormais emparés : le Parti Socialiste a ainsi invité le chef de l’Etat à « respecter l’indépendance des médias et à mettre fin à ses tentatives d’intimidation et de pression ». Une tentative jugée d’autant plus grave qu’elle pourrait viser « à faire émerger, par oukase, une offre alternative [qui] bénéficierait de la bienveillance élyséenne » (l’offre de Claude Perdriel et Orange, ndlr).
François Bayrou (Modem) a, de son côté, estimé que l’Elysée ne respectait pas « le pluralisme et l’indépendance » de la presse ; « les médias doivent être sous son influence, dans son cercle de connivences », a-t-il remarqué.
Enfin, l’organisation Reporters Sans Frontières a également pris la parole, dans ce qu’elle a appelé son « appel du 18 juin 2010 pour une presse libre » : selon elle, le gouvernement « a intensifié le combat contre la presse indépendante », à coups de « manœuvres, plaintes et intimidations ».
Aux côtés de Pigasse et Bergé, tous deux politiquement ouvertement à gauche, qu’en est-il de Xavier Niel ? Interrogé par le conseil de surveillance du Monde sur ses opinions politiques, il apporte la réponse suivante : « J’apprécie autant Bertrand Delanoë que François Fillon ». Visiblement, l’actionnaire majoritaire d’Iliad ne souhaite pas être rangé dans une case, à tel point qu’on le dit “apolitique”.
Mais il n’hésite pas pour autant à préciser ce qui lui tient à cœur : « la perspective de la disparition d’une presse indépendante me met mal à l’aise », confesse-t-il. Et concernant l’attaque du président de la République à son encontre ? « Je ne me sens pas opposant à Nicolas Sarkozy », déclare-t-il sobrement… ajoutant, par ailleurs : « jamais je ne l’ai rencontré […] il n’a pas de prise sur moi ».
Pour en revenir au Monde, on retiendra finalement deux offres : celle du trio Pigasse-Bergé-Niel d’un côté, et celle de Claude Perdriel (Nouvel Obs’), d’Orange et du groupe de presse espagnol Prisa de l’autre. Le verdict devrait être connu lundi prochain, le 28 juin. D’ici là, gageons que la polémique ne refroidira pas…
Sources : Google News-AFP, Marianne