À l’heure où Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, invite les opérateurs français à rapatrier leurs centres d’appels en France, les pays du Maghreb s’inquiètent pour leurs emplois…
Ce qui n’est encore qu’un projet inquiète déjà les acteurs de la relation client de l’autre côté de la Méditerranée : alors que les centres d’appels représentent quelques 40 000 emplois au Maroc et 15 000 en Tunisie, le départ des principaux opérateurs pourrait se révéler désastreux pour l’économie des pays. « Ce qui est surprenant, c’est que ce soit le premier secteur interpellé, alors que c’est là que le rapatriement est le moins justifié », regrette Youssef Chraïbi, président de l’Association marocaine de la relation client (AMRC), interrogé par Les Échos.
La potentielle décision de la France prend donc une tournure politique : Abdelkader Amara, ministre marocain de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, espère que le projet de rapatriement « en restera au niveau des souhaits ». Mettant en avant des « relations franco-marocaines privilégiées », il invite à « voir l’offshoring comme servant la compétitivité des entreprises françaises ».
Alain Guettaf, membre de la Chambre syndicale nationale des centres d’appels et de la relation client, met en avant la difficulté économique d’un tel projet : « cela n’est pas réalisable quand on sait qu’une heure de téléopérateur coûte deux fois plus cher en France (20 à 25 euros) qu’au Maroc ou en Tunisie (12 à 14 euros) ». Il souligne que « rapatrier les centres d’appels en France signifierait 5 000 à 10 000 jeunes en Tunisie sans emploi ».
Et tous d’en appeler à « l’amitié » entre les deux pays face au projet du nouveau ministre. Rappelons que des projets de rapatriement similaires avaient été évoqués en 2004 et 2010 par Jean-Louis Borloo et Laurent Wauquiez, respectivement, avant d’être abandonnés…
Source : Les Échos