Vous ne connaissez peut-être pas John Cioffi, mais c’est probablement grâce à lui que vous lisez cet article aujourd’hui. Cet ingénieur est couramment admis comme le “père du DSL” : ce sont ses travaux à l’université de Stanford qui ont permis la création de nos accès ADSL, VDSL, etc. sur une simple ligne téléphonique composée d’une paire de cuivre.
Mais en 2014, le cuivre semble bien démodé. Même si quelques montées en débit sont encore possibles sur les lignes actuelles (cf. l’arrivée du VDSL pour les lignes les plus courtes), tous les regards sont désormais tournés vers le déploiement de la fibre optique.
Pourtant, John Cioffi reste pessimiste. Dans une interview, il se montre sceptique sur le déploiement du très haut débit en France, qui prévoit de connecter 80% des Français en fibre optique d’ici à 2022 : « Il faut être réaliste. En privé, tous les dirigeants des opérateurs télécoms français disent qu’ils ne savent pas où trouver l’argent. Ce plan va coûter entre 20 et 30 milliards d’euros. (…) Un kilomètre coûte en moyenne 1 million d’euros. Pour équiper 10 000 personnes, c’est merveilleux. Mais s’il n’y a que dix foyers abonnés, c’est effrayant… »
Et de vanter les mérites du cuivre, dont les limites ne sont toujours pas atteintes. « C’est juste une histoire de longueur de ligne », insiste-t-il : « théoriquement, on pourrait même faire du 100 Gbps sur 30 mètres » !
Du coup, malgré les réunions et discussions autour de sa potentielle extinction, la bonne vieille paire de cuivre aurait encore de beaux jours devant elle. Au point d’être toujours là dans 100 ans de plus, selon Cioffi : « Bien sûr, si on pouvait revenir cent vingt ans en arrière, on poserait de la fibre ! Mais je crois que le cuivre sera encore là dans cent ans. J’ai commencé dans ce métier il y a un quart de siècle et, chaque année, on m’a prédit son extinction. Cela ne s’est jamais produit »…
Source : Les Échos