I love le France, le Bourgogne, le Tour Eiffel, le Hadopi…
Devant tout le tintamarre médiatique et les nombreux conflits d’intérêt politiques entraînés par l’adoption de la loi Création et internet, alias « loi Hadopi », il devient de plus en plus difficile de conserver un avis objectif et serein sur un tel sujet.
La perception de la France et de ses lois, à l’étranger, est parfois à l’opposé de ce qu’on pourrait imaginer… comme le démontre un article du Financial Times Weekend Europe, écrit par Christopher Caldwell, également contributeur régulier du New York Times.
Intitulée « Sarkozy’s war on virtual piracy » (« la guerre de Sarkozy contre le piratage virtuel »), cette tribune rappelle dans les grandes lignes l’objectif et le fonctionnement de la loi.
Sans oublier de pointer du doigt ses limitations, comme par exemple le fait que l’adresse IP ne puisse pas être un bon identifiant personnel et puisse se référer à un cybercafé ou à un bureau (« Downloaders can hide in the IP address of an internet café or an office network »), l’auteur établit également des liens plutôt surprenants entre la politique du français Sarkozy et la politique menée au Royaume-Uni. Si l’on en croit l’article, là où beaucoup d’anti-Hadopi ont trouvé bon, dans nos contrées, de faire passer la loi pour une exception française grotesque, elle ne fait que s’inscrire dans une logique mondiale plus globale.
Le journaliste dénonce la sanction majeure prévue par la Haute autorité, qui consiste à couper l’accès au net. La mesure lui semble particulièrement inadaptée au sein du XXIè siècle, où Internet est devenue quelque chose de particulièrement important, y compris sur le plan humain : « [The internet] is a way of life. […] Denying someone access to the internet is like sending him into exile. It can cost him his job or his circle of friends. » (« Internet est un mode de vie. Retirer l’accès internet à quelqu’un est comme l’envoyer en exil. Cela peut lui coûter son travail ou son cercle d’amis »).
Néanmoins, la critique envers la loi Hadopi trouve ses limites, puisque même si l’auteur aimerait que la sanction soit plus adaptée, il salue l’initiative du président Sarkozy et l’action de la France en général sur le terrain de l’Internet : « in regulating the internet, France has been generally courageous and usually correct » (« en ce qui concerne la régulation d’internet, la France a été généralement courageuse et habituellement juste/correcte »). Il faut notamment référence aux mesures prises à l’encontre des contenus à caractère néonazis / négationnistes sur la toile.
Une telle prise de position ne manque pas de surprendre tant elle est éloignée de ce qu’on a l’habitude de lire ; néanmoins, il est toujours bon de prendre en compte le point de vue de nos voisins sur ce qui se passe chez nous.
Alors, cet article est-il simplement décalé ? Insolite de notre point de vue ? Pas assez au courant des nombreux débats franco-françaises sur ce texte ? Ou simplement baigné dans une culture politique radicalement différente de la nôtre ? Peut-être un peu de tout cela…
On relèvera avec amusement l’étrange sous-entendu qu’aucun journaliste français ne s’était permis jusqu’alors : l’intérêt soudain de Sarkozy pour la lutte contre le téléchargement coïnciderait avec son mariage à… la chanteuse Carla Bruni ! Rappelons toutefois que cette dernière s’est publiquement exprimée en faveur du téléchargement illégal…
Source : Financial Times Weekend Europe daté du 16 mai 2009