Il dynamite, il disperse, il ventile…
Comme on pouvait s’y attendre, Xavier Niel, actionnaire majoritaire d’Iliad, a tenu à répondre à la lettre ouverte qui lui était consacrée dans le Journal des Finances (cf. notre article sur le sujet). Des colonnes dans lesquelles il réaffirmera ses ambitions et qualifiera à nouveau le comportement de France Télécom/Orange de « multirécidiviste ».
En réponse aux trois interrogations soulevées par Georges Valance dans sa lettre, Xavier Niel justifie sa stratégie point par point.
Concernant son attitude jugée hostile à l’égard de la concurrence, il rappelle que France Telecom/Orange a été « condamné à maintes reprises, à la fois par la justice française et par la justice européenne », s’appuyant sur des exemples passés tout autant que récents. Et de terminer, non sans une certaine provocation, en réitérant les propos lui ayant pourtant valu une plainte en diffamation de la part d’Orange : « Cette multiplicité de condamnations illustre bien un comportement multirécidiviste, non ? ».
A propos du financement des nouveaux projets d’Iliad, et tout particulièrement la fibre optique, Xavier Niel affirme que tout ceci est « financé dès le premier jour par les économies réalisées sur les frais de dégroupage ». On sait en effet que les marges engendrées par l’opérateur en zones dégroupées sont plus que confortables ; ici, il est clairement affirmé qu’une partie de ces gains seront réinvestis dans les nouveaux projets du groupe (la fibre optique donc, mais également, on peut le penser, la téléphonie mobile).
En ce qui concerne la téléphonie mobile, face au scepticisme économique qu’entraîne un tel projet, Xavier Niel tient à rassurer sur sa viabilité : « nous pourrions réduire les coûts de manière importante et, rassurez-vous, conserver des marges confortables […] Ce projet stratégique est porté par la solidité financière du groupe Iliad, qui est aujourd’hui un des opérateurs télécoms les moins endettés en Europe ». Une volonté de casser les prix, et un discours qui n’est pas sans rappeler celui que la firme tenait déjà au lancement de son offre Freebox, sur le marché de l’ADSL et de la téléphonie fixe…
Enfin, sur l’omniprésence de l’actionnaire au sein du capital d’Iliad, qui pourrait selon M. Valance bloquer ou freiner la croissance du groupe, la réponse est simple et nette : « Depuis janvier 2004, Iliad, + 363 % ; France Télécom, – 31 % ; le CAC 40, – 17 %. ».
On l’aura compris, Xavier Niel, tout en gardant un goût assumé pour la provocation, sait répondre à ses actionnaires et les rassurer quand à sa stratégie… tout en laissant parler les chiffres.