En pleine polémique sur le projet de loi Renseignement, François Hollande a tenu à intervenir pour une interview fleuve dans Le Supplément sur Canal+.
Au cours de cette émission spéciale, face à Maïtena Biraben, le président de la République a confirmé — volontairement ou non — l’existence d’un dispositif de surveillance d’Internet, échappant à toute cadre légal. Intitulé « PNCD » (pour « Plateforme nationale de cryptage et de décryptement »), ce système aurait été mis en place par la DGSE depuis 2007 et recueillerait, depuis lors, une très grande quantité de données françaises et étrangères gravitant sur Internet.
L’existence du dispositif avait été révélée par Le Monde en 2013, mais le gouvernement y avait alors opposé un démenti farouche. Il y a quelques jours seulement, Le Monde publiait de nouvelles révélations sur la PNCD, détaillant ainsi son mode de fonctionnement : il s’agirait d’une vaste plate-forme qui serait en mesure d’intercepter les données transitant par tous les grands opérateurs français, via leurs réseaux de communication sous-marins principalement.
Le passage télévisé de François Hollande, sur fond de musique épique de Pacific Rim, relance la polémique sur ce supposé moyen de surveillance. Le président en confirme, à mots couverts, l’existence. Pour beaucoup, le projet de loi Renseignement viendrait donc légitimer un service qui existe en réalité depuis 2007 sans aucun cadre.
Il subsiste toutefois des doutes sur la nature précise de cette « PNCD ». Que fait-elle exactement et qu’est-elle en mesure de voir ? Si Le Monde parle d’un véritable Big Brother capable d’intercepter la plupart des communications, d’autres émettent des doutes. Ainsi, Arrêt sur images précise qu’il ne s’agirait pas d’une plate-forme d’interception des données mais uniquement un pôle dédié au chiffrement et décryptage d’informations, recueillis par ailleurs par les services de renseignement. Il serait peu probable que la PNCD soit reliée « aux centres de stockage de tous les opérateurs installés en France », et qu’elle puisse donc opérer une surveillance de masse, contrairement à ce qu’affirme Le Monde.
Si les informations contradictoires fusent, c’est aussi parce que l’intervention embrouillée de François Hollande, confirmant pour la première fois l’existence d’un service jusque là tenu secret, alimente la confusion. En parlant de dispositifs de renseignements déjà existants « qui n’étaient pas encadrés », le président laisse entendre que la surveillance fait bien partie des compétences de la PNCD. Espérons en apprendre plus dans les jours à venir, afin de démêler le vrai du faux…
Sources : Le Monde, Arrêt sur images (via Rue89)