Les prestataires de VPN s’en frottent déjà les mains
Un document interne à la Hadopi, publié par Numerama, révèle que la Haute Autorité aurait pour intention d’intégrer ses « logiciels de sécurisation » directement dans les “box” ADSL des fournisseurs d’accès, à plus ou moins long terme.
Le document confidentiel, intitulé « Projet de spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation », vient éclairer un point de la loi Hadopi resté jusqu’à présent obscur. Si celle-ci nous invitait en effet à mettre en place un moyen de sécurisation logiciel, rien n’était précisé concernant ses spécificités, si bien que plusieurs éditeurs en ont profité pour proposer leur propre solution bidon (ici ou là…).
Numerama révèle donc tous les détails sur les moyens de sécurisation envisagés par la Hadopi. Et on y trouve quelques spécifications bienvenues (parmi lesquelles l’obligation de créer un système compatible avec les logiciels libres et fonctionnant sous les OS libres, ou encore l’interdiction de conserver un historique de navigation).
Le logiciel devra enregistrer ses événements-clés (ceux qui serviront à se disculper en cas d’accusation infondée) dans un « double journal » : parmi ces deux fichiers, au contenu identique, l’un sera chiffré via un système de clef publique, pour empêcher que l’utilisateur ne vienne le modifier lui-même. S’il n’intègre pas un historique de téléchargement comme nous l’avons déjà dit, ce journal permet de savoir à quel moment le logiciel de sécurisation était, ou non, actif.
Plus gênant, le soft devra également être capable de gérer un système de « listes noires, grises ou blanches » afin de bloquer l’accès à certains sites par noms de domaines ou IP, mais aussi mots-clés, protocoles, ports utilisés, etc. Le logiciel ne sera donc pas seulement un espion mais aussi un filtre, qui devra être capable de se mettre automatiquement à jour.
Enfin, et c’est le point le plus important, un passage révèle que la Hadopi souhaiterait, à terme, intégrer un tel logiciel directement dans les box ADSL des fournisseurs d’accès, le rendant ainsi (potentiellement) incontournable :
« Pour le moment le parc des boitiers ADSL est très hétérogène, et les boitiers sont dimensionnés de telle manière qu’il est difficile de loger des applications supplémentaires dans ces boitiers. Pourtant, on peut réfléchir à ces solutions pour les futures générations de boitiers, dans le cadre du renouvellement général du parc »
On imagine bien évidemment que les FAI ne l’entendront pas de cette oreille et refuseront de se laisser imposer aussi facilement des logiciels à mettre en place sur leurs modems…
A la base, l’installation du logiciel de sécurisation de la Hadopi devait être le fait d’un choix personnel et non une contrainte. Les nouveaux plans révélés dans ce document interne laissent présager du contraire…
Est-il vraiment possible qu’en France, un organisme gouvernemental envisage de nous imposer, dans le futur, la présence d’un spyware (logiciel espion) en passant directement par les périphériques incontournables que sont les modems ADSL fournis par nos opérateurs ?
Source : Numerama