L’effet d’Hadopi sur le piratage devra bientôt être évalué par la Haute autorité elle-même, conformément à ses missions. Cependant, selon l’UFC-Que Choisir et PC INpact, il serait très difficile d’estimer de tels chiffres avec la démocratisation de solutions technologiques de plus en plus dures à quantifier…
Pour l’association de consommateurs, l’Hadopi pourrait être tentée de ne prendre en compte que les technologies les plus « visibles » dans ses chiffres de piratage pour en conclure que ce dernier est en baisse, et s’en attribuer les mérites. Or, en prenant en compte uniquement les réseaux peer-to-peer les plus connus, la Haute autorité néglige de nombreux moyens de téléchargement plus difficiles à comptabiliser.
« Une baisse des téléchargements « visibles » ne signifie pas la fin de ce type de comportements [le piratage, ndlr]. Elle pourrait simplement traduire une migration des consommateurs vers des solutions plus discrètes », explique ainsi l’UFC, dans un document envoyé aux députés européens.
Les proportions de pirates ainsi écartées des statistiques n’ont rien de négligeable : le dispositif de surveillance de l’Hadopi, connu du grand public, a pu pousser un grand nombre d’utilisateurs à délaisser eMule et autres clients P2P (type Bittorrent) pour des solutions alternatives — téléchargement direct, newsgroups, réseaux chiffrés, etc.
L’UFC-Que Choisir invite les autorités à se pencher sur les chiffres du téléchargement légal, plutôt que sur ceux du piratage, pour juger des effets réels de l’Hadopi. En effet, « le niveau du téléchargement dit « illégal » a-t-il réellement une importance s’il n’a aucun effet sur le marché ? »
Pour étayer ses dires, l’organisation s’appuie sur les chiffres officiels du téléchargement, diffusés par le SNEP. Là où le Syndicat National de l’édition Phonographique mettait en avant un « décollage » du marché de la musique dématérialisée, l’association tient à montrer qu’il n’en est rien : « lorsque l’on se penche sur les données des ventes numériques on constate effectivement une augmentation, par rapport à même période en 2009, des téléchargements sur les neufs premiers mois de 2010. Mais elles témoignent également d’un ralentissement du taux de croissance. Par conséquent, chercher à démontrer un effet “Hadopi” avec ces chiffres parait bien maladroit ! »
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