Aucune raison de ne pas y croire
Cela fait quelque temps que nous n’avions plus de nouvelles du dispositif Hadopi. Après la période de lancement, très médiatisée et marquée par la désobéissance temporaire de Free, la Haute autorité est rapidement tombée dans l’oubli…
Elle revient finalement sur le devant de la scène avec ce chiffre impressionnant, dévoilé par PC INpact : selon les ayants-droits (l’ALPA pour le cinéma et la SCPP pour la musique), le nombre d’adresses IP flashées par le dispositif aurait franchi la barre des 50 000 par jour, depuis la fin du mois d’octobre. A ce rythme, 1 million d’adresses IP auraient ainsi été détectées en l’espace du seul mois de novembre — et cela en partant du principe que le processus est interrompu lors des week-ends !
Un chiffre impressionnant qui a de quoi surprendre : les fameux e-mails de recommandation mis au point par la Haute autorité sont en effet restés plutôt discrets, et rares sont les personnes à déclarer en avoir reçu jusqu’à présent.
En vérité, il se pourrait que les ayants-droits jouent sur les termes pour grossir de véritables chiffres bien moins flatteurs, ainsi que le souligne Numerama. Marc Guez, président de la SCPP, précise ainsi que ce chiffre ne concerne que les « incidents détectés à la source ». En d’autres termes, il s’agit de constats d’infraction, auquel l’Hadopi ne donne pas nécessairement suite.
La procédure exige que chaque infraction fasse l’objet d’un procès verbal, adressé par les sociétés de surveillance à la Haute autorité. Ce qui, à raison de 50 000 détections par jour, pose d’évidents problèmes en termes de temps humain, les PV devant être mis au point par des agents assermentés…
Au-delà de ce premier problème, les demandes parvenues jusqu’à l’Hadopi sont de nouveau filtrées, celle-ci décidant d’y donner suite — ou pas — à sa seule discrétion. Lors de la mise en place du dispositif, les premières demandes étaient traitées individuellement, pour seulement « quelques milliers » de mails envoyés au final. Ce n’est que par la suite, le traitement a été automatisé.
Finalement, le nombre d’adresses IP traitées ne donne que trop peu d’informations sur le nombre d’avertissements effectivement envoyés ; et jusqu’à présent, ces chiffres sont gardés bien à l’abri… un certain flou demeure autour de la Haute autorité.