Suite à la querelle lancée par Megaupload à l’encontre d’Orange, Cogent a finalement décidé de prendre la parole pour dénoncer, lui aussi, les pratiques de l’opérateur historique.
L’affaire opposant Megaupload à Orange prend, comme nous l’indiquions dans notre édito de cette semaine, des proportions étranges. Non content d’exposer les problèmes d’interconnexion et de financement des réseaux au grand public, celle-ci provoque également des réactions inattendues…
C’est ainsi que Dave Schaeffer, PDG de Cogent, intervient avec des mots particulièrement durs envers Orange, dans Le Point. Le géant des télécommunications profite de la médiatisation inattendue autour de son activité pour mettre en lumière ce que le journal qualifie de « polémique qui dure depuis 2004 » :
Le Point.fr : Pourquoi êtes-vous en conflit avec Orange ?
Dave Schaeffer : Notre dispute avec France Télécom dure depuis des années. En 2004, nous avons acheté l’opérateur Lambdanet ainsi que d’autres entreprises en Europe. Dès que nous sommes entrés en concurrence avec France Télécom, ils ont décidé de couper toutes leurs liaisons réseau avec nous. Pendant un à deux mois, ils ont persévéré, avant de rouvrir les connexions mais de façon encore plus limitée qu’avant.
Ce problème a été illustré récemment par le cas Megaupload. Ce site, qui achète 90 % de son trafic chez Cogent, est obligé de payer France Télécom en plus pour accéder à ses abonnés haut débit. C’est comme une taxe ! Et Megaupload n’est qu’un cas parmi d’autres. Notre conflit avec France Télécom ne concerne pas que ce site, il concerne Internet dans son ensemble.
Concrètement, que fait Orange ?
Ils abusent de leur position dominante sur le marché français. Ils ont un abonné au haut débit sur deux et font pression sur les opérateurs grâce à cela. En France, tous ceux qui sont en compétition avec France Télécom ont un gros problème. France Télécom possède OpenTransit, l’un de nos concurrents directs. Donc Orange bride la connectivité avec nous afin d’obliger les opérateurs du monde entier à être clients d’OpenTransit s’ils veulent atteindre ses abonnés ADSL. En clair : si un opérateur ne paie pas la « taxe » d’Orange, un abonné français sur deux ne peut pas consulter les sites qu’il héberge dans des conditions acceptables ! Cela serait totalement illégal aux États-Unis, et je pense que ça l’est en France aussi.
Nous avons eu ce type de problème avec de nombreux opérateurs dans le monde ces dernières années, et Orange est le dernier à persévérer dans ce genre de pratiques. Ils sont convaincus que leur marque et leur proximité avec le gouvernement le leur permettent. Sur les 3.495 fournisseurs d’accès à Internet que nous desservons dans le monde, seul Orange continue à se comporter de la sorte. En France, Free et SFR, qui utilisent nos services mais pas seulement, n’ont pas de telles pratiques. (…)