Avec son service de télévision de rattrapage Arte+7, la chaîne franco-allemande est parvenue à faire grincer quelques dents du côté des ayants-droit. Son modèle de diffusion sur de multiples plateformes, atypique dérange…
L’Uspa (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle) dénonce ainsi la diffusion par Arte de ses programmes sur Youtube et Dailymotion : via une logique de partenariats, la chaîne y poste désormais une partie de ses programmes accessibles en rattrapage.
Un principe inacceptable selon Stéphane le Bars, délégué général de l’Uspa : « on ne met pas en cause le principe de la catch-up mais son exploitation non maîtrisée et non valorisée sur Dailymotion et Youtube. En signant avec eux, Arte alimente en programmes frais et à haute valeur ajoutée des acteurs aujourd’hui à l’extérieur de l’écosystème, les renforce, leur permet d’augmenter leur trafic et donc leurs recettes publicitaires, au détriment du média télé, sans contribuer le moins du monde à la création », dénonce-t-il dans Le film français.
Il faut dire que le fonctionnement d’Arte est atypique, dans l’esprit du service public : « Arte acquiert les droits de catch-up pour des programmes que nous distribuons sur différents supports. C’est assez simple. Le tout sur un modèle gratuit sans publicité, ni sur l’antenne, ni sur la catch-up, et dans le seul but d’aller à la rencontre du plus large public, en tenant compte de ses usages actuels », explique Jean Rozat, directeur général d’Arte France.
La chaîne est également une des seules à proposer des films de cinéma dans son offre de catch-up. Pour le moment faible (une dizaine de films en 2010), cette proportion devrait exploser en 2011 avec une quarantaine de films prévus. Là encore, de quoi titiller quelques sensibilités : « il s’agit d’une entorse à la chronologie des médias […] toute diffusion doit générer des recettes, d’où la nécessité de parvenir à un accord pour la valorisation des droits de catch-up », estime Juliette Prissard, déléguée générale du SPI (Syndicat des Producteurs Indépendants).
Le modèle choisi par Arte, décrié par de nombreux organismes d’ayants-droit et syndicats, semble pourtant faire des émules. France Télévisions n’exclut pas de proposer à son tour certains de ses programmes de Pluzz, sa plateforme de catch-up, sur Dailymotion et Youtube. Mais reste silencieux sur l’éventuelle mise à disposition de films de cinéma en rattrapage…