« Je ne veux pas mettre BFMTV en danger. […] Je veux sortir des polémiques. Ça n’a pas de sens de passer autant de temps pour des enjeux financiers aussi petits. Cette crise va être résolue dans les heures ou les jours qui viennent ».
C’est en ces termes qu’Alain WEILL a résumé pour le Parisien, la sortie du conflit intervenue hier au sujet de la diffusion de BFM TV, RMC Story et RMC Découverte avec Orange et Free.
Il va sans dire que les propos de Marc-Olivier FOGIEL la semaine passée après moins de 48 heures de coupure de flux sur les Freebox s’étaient montrés quelque peu alarmants, l’hémorragie devait être stoppée net et pas en posant un garrot sur une jambe de bois.
Une décision qui laisse un peu pantois quand on se remémore la pléthore de moyens médiatico-judiciaires utilisés pour faire céder Iliad et Orange et qui laisse croire que le litige était somme toute assez tenu pour être balayé d’un seul revers de la main.
« La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ».
Le feuilleton dure depuis des mois. Et plus exactement mars / avril, date à laquelle Altice s’est évertuée d’imposer des conditions financières philosophiquement intenables sur la base du modèle négocié par TF1 et M6.
Philosophiquement, car il n’aura fallu que quelque mots pour y mettre un terme.
Il aura cependant suffi de la coupure de trop (12 millions d’abonnés sur Livebox tout de même) et une poignée d’heures pour que le fondateur de BFM TV ET RMC Découverte, issues du même giron que SFR, change de ton et plie l’échine.
Situation quelque peu surprenante pour un groupe censé surfer sur la vague de la sortie de la box 8, principale concurrente de la Freebox Delta et qui ne s’est pas privé de communiquer sur le sujet.
Argument qui semble-t-il a été un flop magistral, la coupure initiée par Free ayant entraîné non seulement une chute de l’audience de BFM ce qui était prévisible, mais surtout et c’est là que le bât blesse, un report de cette audience principalement vers CNEWS ou France INFO.
Stratégie de chiffres certes mais qui si elle s’inscrivait sur la durée, risquait de faire prendre des habitudes différentes aux habitués de l’info tout en ayant un effet de coupe franche sur les revenus publicitaires, seule source de financement actuelle.
« On prend acte du fait que nous ne sommes pas TF 1 (NDLR : la Une avait obtenu gain de cause sur le même problème de rémunération au printemps 2018 après un gros bras de fer avec Orange et Canal). On se donnera rendez-vous dans quelques années quand on renouvellera les contrats de distribution. On sera sans doute un acteur plus gros dans le secteur de l’audiovisuel » poursuit Alain WEILL .
Des conséquences aussi anodines qu’on tente de nous le faire croire ?
Amende honorable ou prise de conscience d’une situation peu importe, il était urgent de marquer un tournant et sortir de cette crise qui de toutes manières ne présumait rien de bon pour personne.
L’objectif visé par Alain WEIL est certes louable et vise à gagner en qualité de programmes mais l’axe sur lequel il s’était placé, méconnaissait sa position d’outsider du PAF et prenait rapidement l’allure d’une balle tirée dans le pied.
Pour l’heure, les flux n’ont pas été rétablis puisque les accords définitifs n ont pas encore fait l objet d une régularisation par écrit, mais la situation devrait trouver un terme rapide.
Source : Le Parisien.