Alors que C8 et NRJ12 quittent officiellement la TNT, le Conseil d’État ne s’est pas arrêté là. Il demande désormais à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) d’examiner la redistribution des quatre fréquences laissées vacantes par CANAL+, un dossier qui s’annonce stratégique et épineux.
Cette décision marque un vrai tournant pour la régulation de la TNT, soulevant de nombreuses questions sur l’équilibre entre chaînes gratuites et payantes, diversité de l’offre et avenir de la télévision linéaire en France.
Un impératif réglementaire dicté par le Conseil d’État
Le 19 février, le Conseil d’État a entériné le départ de C8 et NRJ12, confirmant ainsi la décision initiale de l’Arcom. Mais au-delà de ces deux chaînes, une autre bataille se profile autour des canaux appartenant à CANAL+.
En effet, la chaîne cryptée avait abandonné quatre fréquences TNT avant la décision du Conseil d’État. Ces créneaux, initialement attribués à CANAL+, CANAL+ Cinéma, CANAL+ Sport et Planète+, se retrouvent donc vacants. Le régulateur est désormais contraint de relancer une consultation publique et une étude d’impact, afin de déterminer s’il doit réattribuer tout ou partie de ces canaux.
Le Conseil d’État a insisté sur l’urgence de cette procédure, appelant l’Arcom à agir sans délai. Un signal fort qui laisse peu de marge de manœuvre au régulateur, contraint de repenser l’organisation de la TNT dans un calendrier serré.
Vers l’arrivée de nouvelles chaînes sur la TNT ?
L’un des scénarios envisagés est l’introduction de nouvelles chaînes gratuites, pour compenser la disparition de certains acteurs historiques. Deux nouvelles chaînes ont déjà été annoncées, T18 et OFTV, mais l’attribution des quatre fréquences de CANAL+ pourrait redistribuer complètement les cartes.
Deux hypothèses principales émergent :
✅ La réattribution des quatre fréquences pour faire entrer quatre nouvelles chaînes sur la TNT.
✅ Une limitation de la redistribution à un seul canal, en conservant les trois autres pour d’autres usages futurs.
Autre incertitude : le cas de Paris Première, actuellement diffusée en TNT payante et distribuée par CANAL+. Avec le retrait du groupe, son avenir sur la TNT est en suspens. Si M6 ne trouve pas de solution alternative, la chaîne pourrait disparaître du paysage hertzien, renforçant encore le besoin de nouveaux entrants.
Un enjeu clé pour l’avenir de la TNT en France
Derrière cette redistribution des fréquences, c’est l’ensemble du modèle de la TNT qui est remis en question. L’Arcom doit naviguer entre pressions économiques, attentes des chaînes et évolution des usages.
1° Faut-il privilégier des chaînes gratuites ou maintenir un équilibre avec des offres payantes ?
2° Quels acteurs sont prêts à investir pour occuper ces canaux ?
3° Quelle pertinence pour la TNT face à l’essor du streaming et de la SVOD ?
Ces questions seront au cœur de l’étude d’impact menée par l’Arcom, qui se basera sur l’article 31 de la loi du 30 septembre 1986 pour justifier ses choix.
Si la réattribution est confirmée, la TNT pourrait voir débarquer jusqu’à cinq nouvelles chaînes, offrant un renouveau bienvenu à une télévision linéaire en quête d’adaptation face aux plateformes numériques.
L’Arcom sous pression, une transformation inévitable
La régulation de la TNT n’a jamais été aussi déterminante. Avec le départ de CANAL+ et la disparition de chaînes historiques, le marché audiovisuel français se prépare à une nouvelle ère.
L’Arcom, sommée d’agir rapidement, devra prendre des décisions structurantes pour garantir la diversité de l’offre télévisuelle, tout en répondant aux évolutions de consommation et aux nouvelles attentes du public.
Dans les prochains mois, les choix du régulateur seront déterminants : façonner une TNT plus attractive et compétitiveou assister à son effacement progressif face aux géants du streaming. Une équation délicate où chaque fréquence réattribuée pourrait bien redéfinir le futur du paysage audiovisuel français.