Le paysage des télécommunications ultramarin s’apprête à vivre une évolution majeure : dès le 1er mai, les opérateurs mobiles disposeront de nouvelles autorisations d’utilisation des fréquences sur les bandes 900 MHz, 1 800 MHz et 2,1 GHz, selon les annonces récentes de l’Arcep. Ces fréquences très spécifiques permettront d’accroître la capacité des réseaux et d’améliorer la couverture mobile en Outre-mer.
Des attributions adaptées aux territoires
En Guadeloupe et en Martinique, quatre opérateurs (Digicel, Free Caraïbe, Orange et Outremer Telecom) ont reçu des autorisations sur deux bandes principales : 1 800 MHz et 2,1 GHz. Si les opérateurs bénéficient presque d’une égalité parfaite sur la bande 2,1 GHz (autour de 15 MHz chacun), un déséquilibre apparaît en revanche sur le spectre 1 800 MHz. Sur cette bande, Digicel reçoit 15 MHz, contre 20 MHz chacun pour Free, Orange et Outremer Telecom, laissant présager un léger avantage concurrentiel pour ces derniers sur les performances en débit et capacité.
À La Réunion, Orange, SRR (filiale de SFR), Telco OI (Free) et Zeop Mobile seront également autorisés à utiliser ces deux bandes essentielles. Ici aussi, la concurrence se jouera principalement sur les fréquences 1 800 MHz : Orange et Telco OI se positionnent en tête avec 20 MHz chacun, devant SRR (18,2 MHz) et Zeop Mobile (16,8 MHz). Cette différenciation pourrait favoriser le développement de services plus performants chez Orange et Telco OI, notamment pour les usages intensifs en données mobiles (streaming vidéo, télétravail, etc.).
La Guyane, Saint-Martin et Saint-Barthélemy renforcés sur trois bandes
Particularité notable, la Guyane bénéficie d’une bande supplémentaire à 900 MHz. Là encore, les attributions ne sont pas uniformes : Digicel dispose de 5 MHz seulement contre 10 MHz pour Free Caraïbe, Orange et Outremer Telecom, un élément stratégique pour renforcer la couverture dans les zones rurales ou difficiles d’accès. Sur la bande 1 800 MHz, Free Caraïbe possède 15 MHz tandis que ses concurrents se voient attribuer chacun 20 MHz. Enfin, la bande 2,1 GHz est équilibrée avec 15 MHz chacun, garantissant une concurrence saine et équitable sur les services mobiles avancés.
Saint-Martin et Saint-Barthélemy suivent également ce modèle à trois bandes, avec des opérateurs distincts tels que Dauphin Telecom et UTS Caraïbes aux côtés de Digicel, Free Caraïbe et Orange. Ces fréquences, réparties de manière relativement équilibrée, devraient permettre un renforcement significatif de la connectivité mobile dans ces territoires insulaires.
Mayotte : Une situation exceptionnelle après le cyclone Chido
À Mayotte, les opérateurs avaient bénéficié d’autorisations temporaires anticipées suite au cyclone Chido pour maintenir la connectivité en situation de crise. Dès le 1er mai, ces autorisations deviendront définitives. La bande 900 MHz, cruciale pour la portée du réseau mobile, sera attribuée avec un avantage à SRR (15 MHz), contre 10 MHz chacun pour Orange et Telco OI. Sur les bandes 1 800 MHz et 2,1 GHz, tous les opérateurs seront sur un pied d’égalité avec 25 MHz et 20 MHz respectivement, assurant un service homogène pour les utilisateurs.
Conclusion : Un levier stratégique pour les performances mobiles outre-mer
Cette attribution de fréquences par l’Arcep marque un tournant notable pour les réseaux mobiles ultramarins. Elle garantit non seulement une amélioration significative de la couverture réseau, mais aussi une capacité accrue à absorber la hausse continue des usages numériques.
Alors que la concurrence se développe de jour en jour, ces nouvelles ressources spectrales constituent un facteur essentiel pour améliorer l’expérience utilisateur, renforcer la résilience des infrastructures face aux crises, et dynamiser l’économie numérique des territoires ultramarins dès le 1er mai prochain.