Le marché français de la 5G se trouve sous l’influence d’une législation stricte limitant la présence d’équipements d’origine chinoise dans les infrastructures télécom. Si cette « loi anti-Huawei » vise prioritairement les opérateurs s’appuyant déjà sur du matériel Huawei ou ZTE, elle n’épargne pas Iliad. Moins dépendant de ces fournisseurs que SFR ou Bouygues Telecom, l’opérateur redoute toutefois que des interdictions excessives pèsent sur son développement et augmentent considérablement les coûts d’infrastructure.
Au cœur du problème se trouve l’articulation entre sécurité nationale et liberté de commerce. Les pouvoirs publics, à travers l’ANSSI, se veulent garants de la souveraineté numérique du pays : la crainte d’une dépendance à du matériel jugé sensible, s’ajoutant aux inquiétudes géopolitiques, justifie la mise en place d’autorisation préalable pour tout recours à des antennes « non européennes ».
Un débat sans fin entre innovation et législation
Pourtant, des voix se sont élevées, parmi lesquelles celle d’Iliad, pour rappeler que l’innovation et la maîtrise des coûts demeurent primordiales dans un secteur déjà marqué par une guerre tarifaire. On comprend bien que, durcir à l’excès la législation sur les équipements extracommunautaires pourrait aboutir à une envolée des prix sur le matériel proposé par les fabricants européens, au détriment de la compétitivité des opérateurs français.
Dans un tel contexte, Iliad se demande sûrement de quelle marge de manœuvre il disposera à moyen terme pour déployer rapidement ses antennes 5G, sans subir de handicap financier face à ses concurrents. Même s’il est moins concerné que SFR ou Bouygues Telecom par la nécessité de retirer des milliers d’antennes Huawei, Iliad sait que l’adoption ou la modification de la loi anti-Huawei reste un point de vigilance : tout amendement, contentieux ou dérogation potentielle peut influencer à la fois la stratégie réseau et la dynamique tarifaire.
C’est donc un équilibre délicat qui se dessine : veiller à ce que la France préserve ses intérêts et évite tout risque de dépendance envers une entreprise étrangère, tout en permettant aux opérateurs d’explorer un éventail d’options technologiques. L’enjeu va au-delà de la simple contrainte réglementaire : il conditionne la capacité de chaque acteur à offrir une connectivité à la fois sécurisée et abordable, dans un marché où la demande de débit et de qualité de service est en constante augmentation.