Dans un effort commun pour protéger les enfants des dangers du monde numérique, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont dévoilé jeudi la création d’un groupe de travail conjoint dédié à l’amélioration de la sécurité des enfants en ligne. Ce partenariat transatlantique est le premier du genre, visant à renforcer la coopération entre les deux pays face aux risques croissants auxquels les jeunes sont exposés sur les réseaux sociaux et autres plateformes numériques.
Lors de la cérémonie de lancement, Gina Raimondo, la secrétaire américaine au commerce, et Peter Kyle, le ministre britannique des sciences et de la technologie, ont publié une déclaration commune il y a de cela quelques jours. Ils ont appelé les grandes plateformes technologiques à agir de manière plus déterminée pour garantir la protection des enfants en ligne. « Il est essentiel que les entreprises aillent plus loin et plus vite pour créer un environnement numérique plus sûr pour nos jeunes », ont-ils souligné.
Les plateformes de médias sociaux telles qu’Instagram, Snapchat, Facebook et WhatsApp, gérées respectivement par Meta et Snap, sont depuis longtemps sous le feu des critiques pour leur impact potentiel sur la santé mentale et le bien-être des enfants. Ce groupe de travail permettra d’intensifier la surveillance de ces entreprises et d’explorer des moyens concrets pour renforcer les mesures de sécurité en ligne.
Les risques encourus par les enfants sur les réseaux sociaux
L’importance de cette initiative repose sur les préoccupations croissantes quant aux effets des réseaux sociaux sur les jeunes. En 2022, le chirurgien général des États-Unis, Vivek Murthy, avait tiré la sonnette d’alarme concernant les dangers que représentent les médias sociaux pour les enfants et les adolescents. Il avait mis en avant des risques accrus de problèmes d’image corporelle, de troubles alimentaires, de mauvaise qualité de sommeil et de faible estime de soi, particulièrement chez les jeunes filles.
En Grande-Bretagne, les chiffres sont tout aussi préoccupants. Selon la NSPCC (Société nationale pour la prévention de la cruauté envers les enfants), Snapchat est impliqué dans 43 % des cas d’utilisation des médias sociaux pour la diffusion d’images indécentes d’enfants. Quant à Meta, les plateformes Facebook, Instagram et WhatsApp ont été citées dans 33 % des crimes de maltraitance d’enfants en ligne, selon des recherches menées par le même organisme.
Les entreprises concernées, comme Snap et Meta, affirment qu’elles travaillent en étroite collaboration avec les régulateurs pour améliorer la sécurité des jeunes utilisateurs. Elles ont notamment introduit des outils de contrôle parental et des fonctionnalités visant à mieux protéger les adolescents en ligne. Cependant, les résultats tardent à se faire sentir, d’où l’appel renouvelé à des actions plus décisives.
Contexte législatif et réglementaire
Le lancement de ce groupe de travail s’inscrit dans un contexte où les législateurs, tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, ont multiplié les initiatives pour encadrer l’usage des plateformes en ligne. Aux États-Unis, deux projets de loi, COPPA 2.0 (Children’s Online Privacy Protection Act) et KOSA (Kids Online Safety Act), visent à renforcer la protection des enfants en ligne. Bien qu’adoptés par le Sénat, ces textes attendent encore d’être votés à la Chambre des représentants.
De l’autre côté de l’Atlantique, la Grande-Bretagne prépare l’entrée en vigueur d’une législation ambitieuse : la loi sur la sécurité en ligne, prévue pour fin 2024. Cette loi imposera aux entreprises de médias sociaux de prendre des mesures pour empêcher les enfants d’accéder à des contenus inappropriés ou dangereux, tels que la pornographie. Les plateformes devront également mettre en place des contrôles d’âge stricts, sous peine de sanctions pouvant atteindre 18 millions de livres ou 10 % de leur chiffre d’affaires mondial annuel.
Un enjeu global, une collaboration internationale
Pour Peter Kyle, ministre britannique des sciences et de la technologie, ce partenariat avec les États-Unis est crucial dans la lutte pour un internet plus sûr pour les enfants. « Le monde numérique n’a pas de frontières, et travailler avec nos partenaires internationaux, comme les États-Unis – qui abritent les plus grandes entreprises technologiques – est essentiel pour protéger nos jeunes utilisateurs », a-t-il déclaré.
Ce groupe de travail conjoint devrait donc jouer un rôle clé dans l’élaboration de stratégies et de recommandations communes pour faire face aux défis posés par les réseaux sociaux. Il permettra également de coordonner les efforts entre les deux pays pour surveiller de plus près les pratiques des entreprises technologiques et les inciter à adopter des mesures de sécurité plus rigoureuses.
Alors que les technologies continuent d’évoluer rapidement, cette initiative marque un pas en avant vers une régulation plus stricte et une meilleure protection des enfants dans le monde numérique. Le défi sera de trouver un équilibre entre l’innovation technologique et la sécurité des jeunes utilisateurs, tout en respectant les libertés individuelles dans l’espace virtuel.