Le déploiement de la fibre optique en France, perçu comme un chantier fondamental pour la modernisation des réseaux de télécommunication, subit un net ralentissement. Cette situation inquiète particulièrement l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), qui pointe du doigt des retards susceptibles de mettre en péril l’ambitieux projet de fermeture du réseau cuivre, prévu pour 2030. Une problématique abordée lors de la conférence annuelle « Territoires connectés », qui s’est tenue la semaine passée et que l’on pouvait suivre en distanciel, où Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, n’a pas manqué d’exhorter les opérateurs à honorer leurs engagements.
Un chantier au ralenti qui compromet la fin du cuivre
Depuis plusieurs années, la France s’est lancée dans la transition technologique visant à remplacer le réseau cuivre par la fibre optique, un projet d’envergure visant à offrir une connexion internet plus performante et fiable. Si la fermeture du cuivre a déjà démarré, l’essentiel du travail reste encore à faire. En théorie, le plan prévoit une montée en puissance des travaux dès 2026, avec la fermeture de 2,5 millions de lignes téléphoniques traditionnelles. Toutefois, les récents retards dans le déploiement de la fibre viennent perturber cette trajectoire, menaçant de repousser les échéances fixées.
Le déploiement de la fibre, notamment dans les zones moins denses, accuse un ralentissement qui pourrait impacter la fermeture du cuivre, comme l’a récemment mis en lumière Laure de La Raudière. Selon les dernières estimations, la commercialisation des lignes cuivre, initialement programmée pour une extinction progressive, pourrait subir des reports si la couverture en fibre n’atteint pas les objectifs. Ce projet, qui devrait se concrétiser à l’horizon 2030, repose en grande partie sur la capacité des opérateurs à boucler le déploiement de la fibre dans les délais impartis.
L’Arcep met la pression sur les opérateurs
Lors de la conférence « Territoires connectés », Laure de La Raudière s’est montrée ferme face à la situation, en appelant les opérateurs à accélérer le mouvement. Le ton était sans équivoque : l’Arcep sera « intraitable » quant au respect des engagements pris. Ces derniers mois, les retards accumulés compromettent l’objectif fixé, en particulier en ce qui concerne les zones rurales ou les territoires moins densément peuplés. Selon les propos de la présidente de l’Arcep, relayés par Contexte, « des reports de calendrier seront en l’état à prévoir pour la fermeture commerciale du cuivre ».
Le contrat entre Orange et l’Arcep, signé en début d’année, engageait notamment l’opérateur historique à assurer un déploiement massif de la fibre, préalable essentiel pour espérer éteindre le réseau cuivre. Or, la cadence s’avère insuffisante pour respecter l’échéancier. Pour autant, les opérateurs ne sont pas les seuls responsables pointés du doigt par l’Arcep.
Une responsabilité partagée avec l’État
Outre les opérateurs, Laure de La Raudière a également interpellé le gouvernement, lui demandant de prendre les mesures nécessaires pour garantir le raccordement effectif des prises déjà installées. Si la fibre est souvent déployée jusqu’aux abords des logements, la dernière étape, qui consiste à relier physiquement les foyers, pose encore problème dans de nombreuses zones. Ce décalage entre prises raccordables et prises raccordées représente un obstacle majeur pour la transition complète vers la fibre.
La présidente de l’Arcep a ainsi réitéré son appel à l’État pour que celui-ci joue un rôle plus actif, notamment en mettant en place un dispositif d’accompagnement pour les ménages les plus modestes. Ces derniers pourraient en effet être confrontés à des frais additionnels, liés à des travaux de raccordement dans leur habitation ou sur leur terrain. Cette dernière phase, bien que limitée en termes de distance (les fameux « derniers mètres »), s’avère cruciale pour l’achèvement du plan fibre.
Un retard aux conséquences multiples
Le retard dans le déploiement de la fibre pourrait non seulement affecter la fermeture du cuivre, mais également impacter la qualité du service internet dans les territoires qui en dépendent encore largement. En effet, le réseau cuivre, vieillissant, souffre d’une dégradation progressive, affectant les performances des connexions ADSL encore largement utilisées dans certaines régions.
La fermeture complète du réseau cuivre devait permettre de concentrer les efforts de maintenance sur la fibre et de réduire les coûts d’exploitation pour les opérateurs. En outre, elle est perçue comme un levier pour démocratiser l’accès à une connexion internet haut débit, essentielle dans un monde de plus en plus connecté. Tout retard dans ce processus pourrait donc avoir des répercussions économiques et sociales, en particulier pour les populations rurales ou isolées.
Vers une accélération des déploiements ?
Face à cette situation, il devient impératif pour les opérateurs et les pouvoirs publics d’unir leurs forces pour accélérer le déploiement de la fibre. Si la France se situe parmi les leaders européens en matière de couverture fibre, le défi reste de taille pour parvenir à une couverture complète, en particulier dans les zones rurales où les déploiements sont plus complexes et coûteux.
Le signal d’alarme lancé par Laure de La Raudière devrait inciter tous les acteurs du secteur à redoubler d’efforts pour respecter les engagements pris. L’année 2026, qui marque le début des fermetures massives de lignes cuivre, se rapproche rapidement. Le chantier de la fibre se doit donc de s’accélérer pour éviter que la transition ne se transforme en un échec coûteux, tant pour les opérateurs que pour les usagers.