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Face à l’essor des cyberattaques, l’Europe durcit ses exigences de cybersécurité pour les entreprises et collectivités stratégiques avec la directive NIS-2

Les cyberattaques ne cessent de se multiplier et de se diversifier, ciblant tour à tour hôpitaux, compagnies aériennes, services financiers, et même des infrastructures critiques. Cette réalité omniprésente oblige l’Europe à prendre des mesures strictes pour protéger ses acteurs clés. Depuis la directive NIS, établie en 2018, jusqu’à l’introduction prochaine de la directive NIS-2, l’Union européenne et la France imposent des normes de sécurisation rigoureuses, accompagnées de sanctions financières significatives et d’une potentielle mise en cause des dirigeants en cas de défaillance.

Une menace omniprésente pour les entreprises et les citoyens

Les piratages informatiques sont aujourd’hui monnaie courante : paralysies d’hôpitaux, vols de données personnelles ou bancaires, infrastructures immobilisées… Les cyberattaques ciblent aussi bien les entreprises que les administrations, mettant en péril non seulement des activités commerciales mais aussi des services publics essentiels. En France, comme ailleurs en Europe, les particuliers subissent indirectement ces intrusions, que ce soit en tant que clients d’entreprises ou usagers de services publics. Face à la complexité croissante des cybermenaces, la protection des systèmes vitaux devient indispensable pour garantir le bon fonctionnement de l’économie et de la société.

La genèse d’une régulation : la directive NIS

Anticipant l’évolution des cybermenaces, la France et l’Allemagne ont initié la directive NIS (Network and Information Security) en 2016, qui est devenue une norme européenne en 2018. Cette directive imposait aux entreprises stratégiques et aux administrations désignées comme « opérateurs d’importance vitale » (OIV) de renforcer leur sécurisation informatique. En France, environ 300 entreprises dans des secteurs critiques – télécommunications, énergie, alimentation, services financiers, etc. – se sont ainsi vues attribuer des obligations strictes en matière de cybersécurité, sous la supervision de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).

Les OIV, dont l’identité reste confidentielle pour des raisons de sécurité, sont responsables de la mise en œuvre de mesures de protection drastiques afin d’éviter que des attaques ne paralysent des pans entiers de l’activité nationale. Cette régulation a contribué à standardiser les niveaux de protection à travers l’Europe, obligeant les grandes entreprises à investir dans des systèmes de défense sophistiqués et à revoir leurs processus internes. Toutefois, ces efforts se sont avérés insuffisants face aux méthodes toujours plus avancées des cybercriminels.

Une interconnexion des entreprises, source de vulnérabilités

Les grandes entreprises ne travaillent plus isolément ; elles sont désormais hyperconnectées à des partenaires, des sous-traitants, et des distributeurs. Ce réseau interconnecté crée autant de points d’entrée potentiels pour les cyberattaques. Les hackers exploitent souvent ces failles pour pénétrer les systèmes les plus sécurisés en passant par des acteurs de moindre envergure, moins protégés.

L’Union européenne a donc décidé d’élargir le cadre de la directive NIS. C’est dans ce contexte qu’entre en vigueur la directive NIS-2, un texte plus ambitieux qui impose des obligations de sécurisation à environ 15 000 entreprises et collectivités françaises. Le périmètre de la directive couvre désormais 18 secteurs stratégiques, avec de nouveaux domaines tels que la santé, les services numériques, ou encore les communes de plus de 30 000 habitants.

La directive NIS-2 : des exigences renforcées et des sanctions accrues

En tant que directive, NIS-2 nécessite des lois de transposition dans chaque État membre, afin d’adapter ses principes généraux aux particularités nationales. Cependant, seuls trois pays – la Belgique, la Croatie et la Hongrie – ont pour l’instant adopté une telle loi. En France, le processus législatif a été suspendu en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, mais une reprise est prévue pour 2025.

En attendant, l’ANSSI a mis en place un site internet pour informer et guider les entreprises et élus locaux concernés. L’objectif est de ne pas attendre l’adoption de la loi française pour initier les démarches de mise en conformité. La directive prévoit en effet des sanctions strictes pour les entités qui ne respectent pas les normes de sécurisation : amendes allant de 7 à 10 millions d’euros, ou entre 1,4 % et 2 % du chiffre d’affaires global, le montant le plus élevé étant systématiquement retenu.

Une implication directe des dirigeants : un tournant dans la cybersécurité

La directive NIS-2 introduit une nouveauté de taille : la responsabilité personnelle des dirigeants. L’objectif est d’inciter les conseils de direction à prendre la cybersécurité au sérieux, en la plaçant au cœur de leurs priorités stratégiques, et non en la déléguant aux seuls services techniques. Cette responsabilisation des échelons décisionnels vise à rendre la sécurité numérique incontournable, dans une ère où les cybermenaces peuvent gravement compromettre la pérennité des entreprises et la sécurité des citoyens.

Vers une cybersécurité renforcée en Europe

L’arrivée de la directive NIS-2 marque une étape importante dans la lutte contre les cybermenaces. En imposant une protection homogène à l’échelle européenne, elle renforce la résilience des infrastructures critiques face aux attaques. Mais l’adaptation à ce nouveau cadre réglementaire reste un défi de taille pour les entreprises et collectivités, qui devront s’engager pleinement pour répondre aux exigences croissantes de cybersécurité.

L’Europe affiche ainsi une volonté ferme : celle de protéger ses actifs stratégiques, en engageant toutes les parties prenantes – des entreprises aux collectivités, jusqu’aux dirigeants – dans une démarche de sécurisation collective.

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