Ce lundi, Linda Yaccarino, directrice générale de X (anciennement Twitter), a réagi avec enthousiasme (et c’est le moins que l’on puisse dire) à la démission inattendue de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. Dans un message posté sur X, Linda Yaccarino a qualifié cet événement de « belle journée pour la liberté d’expression ». Ce départ marque la fin d’une relation tendue entre le responsable français et les géants de la Tech, notamment X, et pour certains, ouvre de nouvelles perspectives pour les plateformes numériques.
La démission de Thierry Breton, est l’issue d’un conflit ouvert avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. En effet, la présidente de l’exécutif européen aurait réclamé la tête du commissaire européen, dans le cadre de la formation de son équipe pour les cinq prochaines années. Se sentant désavoué, Thierry Breton a pris la décision de quitter son poste avec effet immédiat, justifiant ce geste dans une lettre publique postée sur X.
Son départ a rapidement été confirmé par Ursula von der Leyen, qui l’a remercié pour son travail à travers une déclaration officielle de sa porte-parole, Arianna Podesta. Elle a toutefois refusé tout commentaire additionnel, précisant que la publication de la lettre de démission était à l’initiative de son auteur.
L’Élysée n’a pas tardé à réagir, proposant Stéphane Séjourné, ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef du groupe centriste Renew au Parlement européen, pour le remplacer. Ce remaniement intervient à un moment particulièrement tendu pour la régulation des plateformes numériques en Europe.
X et la tech dans la tourmente avec Bruxelles
L’histoire entre Thierry Breton et les géants de la Tech, en particulier X, n’a jamais été simple. En juillet dernier, la Commission européenne a accusé X de tromper ses utilisateurs en violant les règles de l’UE avec son système controversé de certification des comptes via les coches bleues. Les critiques portaient sur la transparence des informations diffusées sur la plateforme ainsi que sur la manière dont les publicités étaient gérées, soulevant la menace de lourdes sanctions financières pour non-conformité au règlement sur les services numériques (DSA).
La plateforme d’Elon Musk, comme plusieurs autres grandes entreprises technologiques, se trouve donc dans le viseur de Bruxelles. Les autorités européennes ont exprimé à maintes reprises leur inquiétude face à l’augmentation de la désinformation sur les réseaux sociaux, particulièrement lors de la période suivant les attaques du Hamas contre Israël. Des procédures formelles ont été déclenchées contre X pour insuffisance dans la lutte contre la manipulation de l’information, une préoccupation majeure dans l’Union européenne.
Linda Yaccarino et la sacro-sainte liberté d’expression
En pleine tempête avec Bruxelles, Linda Yaccarino défend farouchement une vision de la liberté d’expression chère à Elon Musk, propriétaire de X. Selon elle, le départ de Thierry Breton est une victoire pour ceux qui souhaitent éviter les régulations trop strictes. Cependant, cette vision entre en conflit avec les attentes de l’UE, qui considère que la modération des contenus est essentielle pour éviter les abus et protéger les utilisateurs.
En juillet, Linda Yaccarino avait déjà réagi aux critiques européennes en affirmant qu’un système démocratisé, qui permet à chacun d’obtenir un compte certifié, est préférable à une fonctionnalité réservée à une élite privilégiée. Ces propos étaient en réponse aux accusations de Bruxelles sur le manque de transparence des nouvelles règles de certification des comptes sur X.
L’avenir de la régulation numérique en Europe
Le départ de Thierry Breton marque un tournant dans la régulation des plateformes numériques en Europe. Si la démission d’un responsable aussi influent ouvre la voie à de nouveaux acteurs, comme Stéphane Séjourné, la pression exercée sur des entreprises comme X, TikTok ou Meta n’est pas prête de disparaître. En effet, les procédures formelles initiées par l’UE continuent d’avancer, et les plateformes devront prouver leur conformité aux règles strictes imposées par le DSA, sous peine de sanctions financières lourdes.
Le défi sera désormais de trouver un équilibre entre la protection des utilisateurs européens et la défense de la liberté d’expression, dans un environnement numérique en constante évolution. Le remaniement à la Commission européenne et la suite des procédures engagées contre X détermineront sans doute l’avenir des rapports entre Bruxelles et les géants de la Tech dans les mois à venir.