Site icon Freenews

Bruxelles face aux GAFAM : un nouveau chapitre dans une lutte acharnée

Depuis une décennie, Bruxelles s’est imposée comme le principal régulateur des géants technologiques américains et chinois, incarnés par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et d’autres acteurs comme TikTok. Sous l’impulsion de personnalités telles que Margrethe Vestager et Thierry Breton, la Commission européenne a marqué les esprits avec des sanctions record et une réglementation ambitieuse. Mais avec l’arrivée d’une nouvelle commissaire européenne au numérique, Henna Virkkunen, et un contexte géopolitique en mutation, cette bataille entre l’Europe et les géants du numérique semble prête à entrer dans une nouvelle phase.

Un bilan européen musclé

Sous la direction de Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence, et Thierry Breton, chargé du marché intérieur, l’Union européenne (UE) s’est positionnée comme un acteur clé dans la régulation numérique. Des amendes historiques ont été infligées : 4,3 milliards d’euros contre Google en 2018 pour abus de position dominante sur Android, 1,2 milliard d’euros contre Amazon pour violation du RGPD, ou encore des enquêtes approfondies sur les pratiques d’Apple et de Meta.

L’arsenal législatif s’est également renforcé avec des textes majeurs comme le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA), qui encadrent les pratiques des plateformes en matière de concurrence et de modération de contenus. En parallèle, l’UE s’est attaquée à des problématiques stratégiques, comme le développement de l’intelligence artificielle, la souveraineté numérique ou encore le déploiement des infrastructures cloud.

Une nouvelle commissaire pour un nouveau souffle

Henna Virkkunen, la nouvelle commissaire au numérique, a rapidement affiché ses priorités pour les prochaines années. Parmi ses annonces phares :

Cette approche reflète une volonté claire de maintenir une Europe autonome et compétitive sur la scène numérique mondiale. Reste à savoir si ce programme est tenable en l’état actuel des choses.

Le défi géopolitique

Alors que l’Europe se dote d’outils toujours plus ambitieux pour encadrer les géants du numérique, elle fait face à des défis externes majeurs. Aux États-Unis, le numérique reste un pilier économique, et une administration Trump 2.0, ou même une autre administration plus protectionniste, pourrait exacerber les tensions commerciales avec l’UE. À cela s’ajoute la montée en puissance de la Chine, notamment avec TikTok, qui est devenu un acteur global controversé dans le paysage numérique.

Bruxelles devra également composer avec les divisions internes des États membres sur des sujets sensibles comme la fiscalité des GAFAM ou les investissements technologiques, et s’assurer d’une application uniforme de ses règles.

Quelles perspectives pour l’UE et les GAFAM ?

Le premier risque qui vient à l’esprit est celui de l’intensification des tensions. En effet, l’UE est susceptible d’être confrontée à des contestations juridiques encore plus féroces de la part des GAFAM, qui tentent de ralentir les réformes et de préserver leur domination.

Pourtant, l’institution reste un modèle pour d’autres régions et sa stratégie est en mesure d’inspirer d’autres régions, comme l’Afrique ou l’Amérique latine, à adopter des réglementations similaires, renforçant ainsi l’approche multipolaire contre les géants technologiques.

Enfin, l’initiative Cloud and IA Development Act, combinée à des investissements massifs dans l’innovation, est désormais en mesure de permettre à l’UE de réduire sa dépendance aux technologies étrangères.

Alors que Bruxelles souffle le chaud et le froid sur les GAFAM depuis une décennie, l’arrivée de Henna Virkkunen ouvre un nouveau chapitre. Entre la nécessité de réguler les géants du numérique et celle de propulser les technologies européennes, l’équilibre reste délicat.

Ce combat, qui se joue sur le terrain économique, juridique et géopolitique, n’en est qu’à ses prémices. Si l’Europe parvient à conjuguer fermeté réglementaire et innovation locale, elle pourrait devenir un modèle mondial dans la lutte pour une souveraineté numérique équilibrée et juste.

Quitter la version mobile