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L’impact environnemental de la télévision en France : une problématique urgente révélée par l’Arcom et l’Arcep

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L’impact environnemental du numérique est un enjeu de plus en plus central dans les débats sur la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Jusqu’ici, l’attention s’est souvent concentrée sur les secteurs des transports, de l’industrie, et plus récemment sur l’empreinte numérique globale. Toutefois, une nouvelle étude, publiée conjointement par l’Arcom et l’Arcep en collaboration avec l’ADEME, révèle une facette souvent négligée de cette empreinte : celle de nos usages audiovisuels, en particulier via la télévision. L’étude, rendue publique le 7 octobre 2024, témoigne de l’importance de ce secteur dans la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.

Un constat accablant : la télévision, un grand contributeur

Conformément à la loi « climat et résilience », cette étude vise à mieux comprendre l’impact environnemental des usages audiovisuels en France, couvrant l’ensemble de la chaîne : les terminaux (télévisions, smartphones), les réseaux (fixes, mobiles, satellites) et les centres de données où sont hébergées les vidéos. Le résultat est sans appel : le secteur audiovisuel représente environ 2,9 % de la consommation électrique de la France, soit 13 TWh, et 0,9 % de son empreinte carbone, avec 5,6 millions de tonnes équivalent CO2 émises chaque année. Cela équivaut à l’empreinte carbone d’un parc de 4 millions de véhicules particuliers.

Le rôle prédominant des téléviseurs

L’un des principaux enseignements de cette étude réside dans l’impact massif des téléviseurs. En effet, ceux-ci génèrent entre 72 % et 90 % des impacts environnementaux selon les indicateurs analysés. Leur consommation énergétique, combinée à leur omniprésence dans les foyers français, en fait le principal contributeur de cet impact. Bien que les smartphones et autres terminaux plus légers aient un impact moindre, l’usage intensif des réseaux mobiles pour visionner des contenus en haute définition sur des plateformes telles que YouTube, Twitch ou Dailymotion tend à faire grimper l’empreinte carbone associée à ces pratiques.

L’étude met également en lumière un fait surprenant : l’usage d’une simple radio FM dans un véhicule thermique présente une empreinte carbone élevée en raison de l’électricité générée par un moteur thermique fortement carboné. À l’inverse, une radio FM sur un transistor constitue l’usage audiovisuel le plus faible en termes d’émissions.

L’empreinte invisible des usages numériques

Regarder une vidéo pendant une heure semble anodin, mais l’étude quantifie l’empreinte de cette activité. Par exemple, une heure de visionnage sur un smartphone peut équivaloir à un trajet de 2 à 20 km en TGV, ou encore à un véhicule parcourant entre 50 et 500 mètres, selon le terminal et la qualité de la vidéo. Cela souligne que chaque geste numérique, aussi anodin semble-t-il, a une répercussion environnementale.

Une croissance inquiétante d’ici 2030

L’Arcep et l’Arcom préviennent que ces usages, déjà importants, devraient croître de 30 % d’ici 2030. Cela constitue une préoccupation majeure, d’autant plus que les téléviseurs continuent d’évoluer vers des formats de plus en plus énergivores (Ultra HD, écrans plus grands), et que les usages sur réseaux mobiles ne cessent de croître. Dans ce contexte, des solutions sont envisagées pour atténuer cette empreinte.

Les pistes de réduction de l’impact : entre écoconception et sobriété numérique

Face à ces chiffres alarmants, l’étude propose des pistes concrètes pour réduire l’empreinte environnementale des usages audiovisuels. Parmi les mesures suggérées figurent l’écoconception des terminaux, visant à prolonger leur durée de vie, et l’adoption de pratiques de sobriété numérique. Encourager la réparabilité des téléviseurs et des smartphones, tout comme le développement du reconditionnement, sont des mesures phares recommandées.

Il est également conseillé de revoir certains paramètres d’usage, comme la qualité de l’image et du son, ou encore de limiter les stratégies de captation de l’attention, telles que la lecture automatique des vidéos sur les sites web. La future 5G broadcast pourrait également contribuer à réduire l’empreinte carbone des vidéos diffusées sur mobile, mais cela reste à confirmer.

Une prise de conscience nécessaire

Cette étude constitue un signal d’alarme pour les usagers, les industriels et les pouvoirs publics. Alors que les efforts pour la transition énergétique et la réduction des émissions se concentrent souvent sur les transports et l’industrie, l’impact environnemental des usages audiovisuels ne doit pas être négligé. Des actions concrètes doivent être entreprises pour limiter cette empreinte, à commencer par une meilleure information du public et des pratiques de consommation plus responsables.

Avec la croissance exponentielle des usages numériques, il devient impératif de repenser notre rapport à la télévision et aux autres services audiovisuels afin de tendre vers une sobriété numérique durable.

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