Un article rédigé par Marc Rees et Emmanuel Paquette pour L’Informé jette une lumière inédite sur le comparatif annuel des opérateurs mobiles orchestré par l’Arcep, révélant des anomalies troublantes dans les mesures de qualité de service. Ce texte, que je vous invite à découvrir via le lien en publication, explore notamment, les raisons du report de l’enquête 2024 mais surtout soulève des questions fondamentales sur l’objectivité des résultats affichés par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free.
Un comparatif envisagé comme gage de confiance
Chaque année, l’Arcep publie un rapport détaillé évaluant la performance des réseaux mobiles français, fondé sur 278 critères visant à mesurer la qualité des appels, des SMS et de la connexion internet. Ces résultats servent de référence dans les campagnes publicitaires des opérateurs, qui n’hésitent pas à mettre en avant leur statut de leader en zone urbaine ou dans les campagnes. Cependant, pour 2024, l’enquête tant attendue a été reportée, ce qui a immédiatement suscité des interrogations parmi les experts et les acteurs du secteur.
Des états de performances inhabituels
L’enquête de terrain menée par AFD.Tech, filiale d’Accenture choisie par l’Arcep, a relevé des disparités importantes dans les débits descendants, en particulier sur les réseaux 5G dans les zones denses et intermédiaires. Ces différences, jugées trop significatives par rapport aux standards habituels, laissent présager la présence de paramètres techniques spécifiques ou de fonctionnalités activées de manière différenciée.
Les premiers éléments évoqués par la direction de l’Arcep évoquent la possibilité que certains opérateurs, ou leurs équipementiers, aient pu influencer artificiellement les mesures en priorisant certains types de terminaux dans les algorithmes de gestion du trafic réseau.
Une enquête administrative est lancée
Face à ces constats, l’Arcep n’a pas tardé à initier une enquête administrative approfondie. L’objectif est double : vérifier la réalité des écarts constatés et identifier, le cas échéant, l’origine des manipulations susceptibles de fausser la qualité de service mesurée.
Pour ce faire, les agents de l’autorité sont autorisés à demander l’accès à un ensemble de documents techniques, y compris les journaux d’activité (logs) des équipements utilisés par les opérateurs et leurs fournisseurs. Cette démarche a pour objectif de garantir la transparence et à restaurer la confiance des utilisateurs en fournissant des données comparables et fiables.
Des implications pour la concurrence et la régulation
L’enquête soulève un certain nombre de problématiques pour le marché de la téléphonie mobile. Si des manipulations ou des dysfonctionnements techniques venaient à être confirmés, cela pourrait remettre en cause l’équité du classement publié par l’Arcep, impactant ainsi la concurrence entre les opérateurs. La situation rappelle combien il est essentiel que les mesures de qualité de service reflètent fidèlement l’expérience des usagers, afin de permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés et aux autorités de réguler efficacement le secteur.
Une réaffirmation de la fiabilité des données ?
Ce dossier, qui marque peut-être une première dans l’histoire de l’analyse de la QoS en France, témoigne de la complexité de mesurer la performance d’un secteur en constante évolution. Il illustre également la nécessité pour l’Arcep de s’adapter aux défis techniques et aux évolutions rapides des réseaux, tout en maintenant une transparence totale. La suite de l’enquête sera déterminante pour clarifier ces disparités et assurer que la comparaison annuelle des opérateurs mobiles reste un outil fiable pour le marché.
Source l’Informé