En avril 2025, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a dévoilé de nouvelles cartes interactives simulant l’exposition du public aux ondes électromagnétiques émises par les antennes relais mobiles. Accessible en ligne, ce simulateur national offre une visualisation inédite et détaillée des niveaux de champ émis sur l’ensemble du territoire. L’initiative, portée par une volonté de transparence selon l’ANFR, s’adresse autant aux citoyens soucieux de leur environnement qu’aux institutions garantes de la santé publique.

Une initiative pédagogique pour plus de transparence
Ces cartes, à vocation pédagogique, permettent de visualiser les niveaux d’exposition simulés en tout point de la France métropolitaine. Concrètement, via la plateforme Cartoradio ou l’application mobile OpenBarres de l’ANFR, chacun peut rechercher une commune ou une adresse et consulter le champ électromagnétique théorique à cet emplacement. L’ANFR inscrit cette démarche dans une volonté de transparence accrue : intégrer ce projet au 4e Plan National Santé Environnement (PNSE 4) répond à l’objectif de maîtriser l’exposition aux ondes et d’améliorer la connaissance de leurs impacts sanitaires. Comme le souligne l’Agence, la mise à disposition de cette modélisation renforce l’accès à l’information pour les citoyens et les collectivités locales. Il s’agit donc d’un outil au service du public et des élus, ces derniers ayant un rôle clé dans l’implantation d’antennes et le dialogue avec les populations concernées.
Une modélisation 3D massive, actualisée chaque mois
Pour dresser cette “cartographie” de l’exposition, l’ANFR s’est appuyée sur une modélisation en trois dimensions de la propagation des ondes. Le calcul intègre les données topographiques de l’IGN (relief, bâtiments) ainsi que les caractéristiques techniques de toutes les stations de téléphonie mobile autorisées en extérieur. Le résultat est une simulation exhaustive, totalisant plus de 130 milliards de points de calcul, que l’Agence recalcule chaque mois afin de suivre l’évolution des réseaux mobiles.
Les valeurs simulées correspondent au champ électrique (exprimé en Volt par mètre) à 1,5 mètre du sol, c’est-à-dire à hauteur d’homme en extérieur. Cette prouesse technique – une première à l’échelle européenne – vise à fournir une vision d’ensemble de l’exposition sur le territoire, alors qu’auparavant seules des simulations localisées pouvaient être réalisées ponctuellement lors de l’installation d’une nouvelle antenne.
Des cartes instructives, mais théoriques par nature
L’ANFR insiste sur le fait qu’il s’agit d’un calcul théorique, issu de paramètres simulés et non de mesures directesanfr.fr. Autrement dit, ces cartes estiment un niveau d’exposition potentiel en extérieur, dans des conditions standardisées, et ne prennent pas en compte d’autres sources radio (Wi-Fi, TV, etc.) ni la variabilité des conditions réelles. D’ailleurs, les antennes situées à l’intérieur des bâtiments (gares, centres commerciaux, métro…) ne sont pas intégrées à la simulation. Il est donc possible que la réalité du terrain diffère légèrement des valeurs affichées, en plus ou en moins.
Seules des mesures in situ, effectuées par des laboratoires accrédités, peuvent confirmer avec précision le niveau réel d’exposition en un point donné. Consciente de cette limite, l’ANFR voit ce simulateur comme un outil d’orientation : il permet d’identifier les zones où l’exposition pourrait être plus élevée, afin d’y cibler des contrôles et mesures sur le terrain. En pratique, l’Agence prévoit d’intensifier ses relevés dans les secteurs signalés par la carte pour vérifier le respect des seuils autorisés – et, le cas échéant, imposer une réduction de puissance ou l’arrêt des antennes concernées.
Croiser simulations et mesures pour une surveillance efficace
Grâce à la modélisation nationale, une première photographie de l’exposition sur l’espace public émerge. Les premiers résultats se veulent globalement rassurants : sur l’essentiel du territoire, les champs simulés restent très faibles comparés aux plafonds sanitaires en vigueur (36–61 V/m). En zone rurale notamment, l’exposition modélisée est quasi négligeable. Toutefois, la carte fait aussi ressortir localement des valeurs plus élevées, en particulier dans certaines configurations urbaines denses ou en présence de relief.
Par exemple, de nombreux emplacements dépasseraient le seuil de 6 V/m, valeur d’attention officieuse définissant en France les « points atypiques » devant faire l’objet de mitigations. Ce constat est sans commune mesure avec le faible nombre de points atypiques détectés jusqu’ici via le dispositif de mesures sur demande. Autrement dit, en étendant l’observation à tout le territoire de façon théorique, on découvre des situations potentiellement à risque qui échappaient aux contrôles ponctuels.
Face à cela, l’ANFR anticipe un afflux de demandes de vérification de la part des habitants et des collectivités qui découvriront des niveaux inattendus sur la carte. Cela constitue en soi un progrès : plutôt que de laisser planer le doute, chacun peut désormais solliciter des mesures gratuites (via le service en ligne mesures.anfr.fr) dont les résultats, publics, viendront confirmer ou infirmer la simulation. In fine, le croisement systématique de ces données simulées avec des mesures réelles garantira une surveillance plus efficace de l’exposition aux ondes et une meilleure protection sanitaire, tout en évitant de sur-interpréter des valeurs purement théoriques.
Le lancement de ces cartes de simulation par l’ANFR représente un pas important vers la transparence et la pédagogie en matière d’ondes électromagnétiques. L’outil, fruit du PNSE4 et d’un développement technique ambitieux, offre au public une vision claire de son environnement électromagnétique et aux autorités un moyen d’orienter leurs contrôles. Reste à ce que cet effort de modélisation soit accompagné d’une vigilance de tous les instants sur le terrain, afin que la confiance du public dans ces technologies s’appuie à la fois sur la science des modèles et sur la réalité des mesures.