C’est un nouvel épisode que connaît depuis ce matin, la bataille dans laquelle est engagé Xavier Niel, dans le rachat du quotidien La Provence, ancienne propriété de Bernard Tapie, décédé au tout début du mois d’octobre dernier.
En effet, et à la surprise générale, alors que la procédure de présentation des offres de rachat bat son plein depuis le 30 novembre dernier auprès du Mandataire Liquidateur du journal, ce dernier a requis par assignation en référé diligentée auprès du Tribunal de Commerce de Marseille, l’éviction de Xavier Niel de l’opération par la suppression pure et simple de certains droits détenus par ce dernier, porteur de parts au capital et candidat en lice.
Cette demande vise simplement à faire monter les offres sûrement estimées par trop faibles pour le Mandataire, garant du remboursement des créanciers déclarés, dont en majeure partie, l’Etat lui-même.
Une procédure assez classique visant à garantir aux créanciers, un équilibre de droits.
Pour rappel, les offres émises par les deux principaux candidats à la reprise, à savoir Xavier Niel et l’armateur Saadé, gros industriel du cru marseillais et propriétaire de CMA CGM, seront examinées par le Tribunal de Commerce de Bobigny la semaine prochaine, jour pour jour, avec au coeur des projets respectifs, la transformation digitale de l’entreprise, qui s’avère indispensable.
Si les deux stratégies semblent assez ressemblantes dans leurs ambitions respectives sur ce point, le positionnement de chacun des repreneurs s’avère cependant fondamentalement différent quant à la direction à mener et mettre en place.
Un journaliste local à la tête de la rédaction pour Xavier Niel, ce qui n’est pas surprenant, mais bien au contraire s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’il a pu proposer par le passé, dans le cadre de ses diverses opérations de reprise, et un management tout neuf du côté de l’armateur phocéen, issu de rédactions parisiennes.
Cette distinction semble mineure, mais elle revêt pourtant un aspect stratégique majeur en raison du tissu politique et économique local, particulièrement complexe dans les Bouches du Rhône.
Un doit de véto discuté par le Mandataire.
C’est dans ce contexte que le Mandataire Liquidateur s’est tourné vers le Tribunal de Commerce de Marseille, afin d’obtenir la liquidation du droit d’agrément détenu par Xavier Niel, qui permet à ce dernier de tout simplement, de barrer la route à tout éventuel repreneur et par voie de conséquence, bloquer les offres qui seraient déposées par l’un de ses concurrents.
Le dispositif mis en place, confère au Mandataire, la possibilité par la suite, de faire grimper les prix, de manière à garantir au mieux les créances déclarées au passif de la société, dont les 404 millions d’Euros pour l’Etat lui-même issus de l’arbitrage désastreux opéré dans l’affaire du Crédit Lyonnais.
Pour l’heure, une audience est fixée au 21 décembre prochain.