C’est du moins ce qui ressort d’une lettre d’intention rédigée par le fondateur du Goupe Iliad et adressée au Procureur de la République de la Martinique, permettant ainsi la poursuite de l’activité du quotidien plusieurs jours après le prononcé du jugement ordonnant sa liquidation, sans toutefois que sa masse salariale fasse l’objet d’une quelconque procédure de licenciement.
Cette situation, particulièrement difficile pour les 235 salariés du journal, est la conséquence logique de la chute de l’ancien empire de presse, qui possédait jusqu’à présent trois quotidiens régionaux d’Outre Mer et sur lequel l’attention était focalisée depuis l’automne dernier , son Directeur Général, Frédéric VERBRUGGHE ayant tiré la sonnette d’alarme.
Créé dans les années 60, France-Antilles, a fait l’objet d’un placement en redressement judiciaire le 25 juin 2019.
Cette décision intervenait après une première tentative de sauvetage, menée par la société AJR Participations, société dirigée par Aude Jacques-Ruettard, petite fille par alliance de Robert Hersant, propriétaire emblématique du groupe de presse éponyme.
Le Tribunal mixte de Commerce de Fort-de-France, chargé du règlement judiciaire de cette affaire, avait laissé à l’éventuel repreneur, l’opportunité de contribuer à la sauvegarde de l’entreprise, dans un cadre strictement établi portant notamment sur :
- l’indépendance du pôle journalistique ;
- un investissement conséquent visant à transformer l’entreprise en profondeur et atteindre un équilibre financier en trois ans ;
- la reprise de l’intégralité des salariés du quotidien.
Une mission qui s’était révélée trop ambitieuse et s’est soldée en toute bonne logique, par un échec cuisant, entraînant la déroute du journal.
Xavier Niel à la rescousse ?
C’est donc dans ce contexte qu’interviendrait l’homme d’affaires français, dont la proposition n’a pas manqué d’étonner hier y compris dans les rangs des salariés ; information qui pour l’heure n’a fait l’objet d’aucune confirmation de la part de l’intéressé, l’information ayant cependant été évoquée par le procureur de la République de Martinique, légitimement saisi dans le cadre de la procédure de liquidation en cours.
« C’est un enjeu de la vie publique : le maintien de la presse quotidienne et de ses nombreux emplois (235) sur les territoires qui justifie la réouverture de ce dossier », a par ailleurs précisé ce dernier, annonçant un « repreneur crédible » en cours d’audience.
Le dernier numéro du quotidien a été édité le 1er février dernier et le bénéfice de sa vente a d’ailleurs été versé aux salariés.
Une intervention qui n’est pas si surprenante que cela, au regard des précédents de Xavier Niel en matière de presse.
Pour rappel, le fondateur de Free est d’ores et déjà porteur de parts au sein du quotidien le Monde et a souhaité dernièrement investir dans Nice-Matin, damant ainsi le pion à l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar SAFA, discuté propriétaire de Valeurs Actuelles, journal aux édits d’extrême-droite.
Une procédure qui a rencontré quelques avanies et dont l’issue s’est faite aux forceps il y a quelques semaines.
Cet intérêt non dissimulé de la part de Xavier Niel pour les organes de presse depuis de nombreuses années, n’a d’ailleurs pas manqué en son temps, de poser quelques questionnements.
En 2014 déjà, quatre ans après sa prise de participation au sein du capital du Groupe le Monde aux côtés de Pierre Bergé et de Matthieu Pigasse, Xavier Niel entrait en lice dans le rachat de 65% de parts dans le capital du Nouvel Observateur. Une alliance qui a connu quelques secousses récemment.
Cette prise de participation s’inscrivait par ailleurs, en droite lignée de ses investissements précédents au sein de Médiapart, Bakchich, mais également Atlantico, Electron Libre, Causeur, Rue 89 …. autant d’organes de communication dans l’escarcelle.
En tout état de cause, s’agissant de France-Antilles, la procédure de liquidation de la masse salariale par le mandataire judiciaire désigné a fait l’objet d’une suspension et une dead line fixée au 2 mars prochain à 15 heures, quant à la manifestation concrète de cet éventuel repreneur.
Le temps d’ici là pour Xavier Niel, d’infirmer ou confirmer sa prise de participation dans la procédure de sauvegarde en cours.
Source : AFP.