À la recherche de nouveaux revenus, TF1 veut contraindre les opérateurs à signer un contrat « premium », plus cher… allant jusqu’à les menacer de retirer la chaîne de leurs bouquets.
Cela fait déjà six mois que ce petit chantage dure : sous l’impulsion de son nouveau PDG, Gilles Pélisson, le groupe TF1, qui touche actuellement quelques 10 millions d’euros par an de la part de ses distributeurs, souhaite multiplier cette somme par dix. Pour cela, la chaîne propose un nouveau contrat « Premium » aux opérateurs ADSL, satellite et câble : celui-ci inclut de nombreuses nouveautés alléchantes, comme TF1 4K (en Très Haute Définition), le start-over (possibilité de voir un programme en direct depuis le début, à tout moment), ou encore la possibilité d’enregistrer des programmes à distance, dans le cloud.
Dix fois plus cher, donc, ce pack serait la seule façon pour les opérateurs de continuer à diffuser TF1. Sans autre alternative, Orange, Free et consorts seraient contraints de souscrire à l’offre « Premium » ultra-complète de TF1… ou de renoncer totalement à la diffusion de la chaîne, pourtant gratuite sur les réseaux publics.
Le bluff continue… toujours sans succès
Initialement, les contrats de diffusion conclus entre TF1 et les opérateurs couraient jusqu’à fin 2016. L’échéance est passée et les négociations se poursuivent toujours, selon l’AFP. De son côté, TF1 n’a pas mis sa menace à exécution… mais continue, publiquement, d’affirmer sa volonté de couper le signal de TF1 chez les opérateurs considérés comme trop radins pour se payer la chaîne « premium ».
Lors d’une conférence, jeudi, le directeur chargé de la publicité et de la diversification Régis Ravanas a évoqué un « problème de valeur », souhaitant que sa chaîne soit rémunérée par l’ensemble des opérateurs. « Nous voulons aller jusqu’au bout et si c’est nécessaire, aller jusqu’à se passer de la diffusion du signal de TF1 sur certaines plateformes », a-t-il martelé.
Si TF1 espère toucher le gros lot grâce aux opérateurs, M6 caresse un projet similaire lors des prochaines négociations qui auront lieu fin 2017. La plupart des distributeurs se sont vigoureusement opposés à de tels projets. Dans un communiqué, Orange fait savoir tout net qu’il « n’envisage pas de rémunérer la distribution d’une chaîne TNT gratuite ». Un opérateur, cité par Le Monde, estime que les chaînes « en peuvent pas avoir en même temps l’avantage du gratuit et du payant » puisqu’elles bénéficient déjà d’une diffusion gratuite sur les réseaux hertziens, ainsi que d’une mise en avant grâce à la numérotation universelle TNT.
Plus militant, Maxime Lombardini, DG du groupe Iliad (Free) a défendu devant le CSA l’idée de « must deliver ». Ce concept contraindrait les éditeurs bénéficiant gratuitement des fréquences de la TNT, à mettre à disposition leurs chaînes auprès de tous les bouquets qui en font la demande. Il y a dix ans, lorsque TF1 et M6 n’étaient pas encore disponibles sur Freebox, l’opérateur invoquait déjà un principe similaire…
via AFP