Disons-le vulgairement : pour tester convenablement l’enceinte du Player Free Devialet, véritable argument de vente de la Freebox Delta, on n’a pas hésité à faire péter les watts.
Via un partenariat avec Devialet, une marque plutôt habituée aux produits haut de gamme à plus de 1000 €, Free s’est-il offert les moyens de proposer la solution audio « grand public » idéale ? Évidemment, l’approche au son est une notion assez subjective : en fonction de vos attentes et de vos usages, votre expérience pourra varier grandement. Et nous ne sommes pas équipés pour proposer des mesures précises de la dynamique.
On a donc décidé d’éprouver la Freebox Delta au quotidien, dans tous les usages audio possibles : du simple programme TV quotidien, jusqu’au jukebox animant le réveillon du Nouvel An à plein volume.
Musique : un parti pris plutôt orienté dance, électro…
Le Freebox Player ne manque pas de façons d’écouter de la musique : depuis votre smartphone ou ordinateur en Bluetooth (avec support des codecs haute qualité aptX et aptX-HD) ou Spotify Connect, sur les apps Deezer ou Qobuz, Alexa via Amazon Music, YouTube, le bouquet Radios… ou simplement sous forme de fichiers (MP3, AAC, FLAC…) stockés sur le disque dur de votre NAS ou sur un quelconque support de stockage USB.
Il en résulte un son riche en basses, peut-être même excessivement (en fonction de vos attentes). Ce parti pris, qu’on sent intentionnellement poussé par un algorithme interne, profitera positivement aux genres musicaux du moment, friands d’infrabasses — des tubes électro-pop tendance, au rap tendance trap.
Les mediums sont très en retrait. Il en résulte un son toujours très « plein » et compressé, plus adapté aux démonstrations qu’à un usage au quotidien. Le bébé cosigné par Devialet délivre une puissance sonore impressionnante, mais peu maîtrisée. Point positif, toutefois : malgré la mise en avant tout à fait artificielle des basses, aucune détérioration du son n’est perceptible à haut volume pour peu que votre source audio soit de qualité.
On regrettera que cette coloration sonore ne soit pas aussi polyvalente que semble l’avoir espéré Devialet. Sur certains titres plus anciens, demandant une plus grande nuance sonore et une plus grande exploitation de l’intégralité du spectre de fréquences (classique, rock, metal…), le rendu est bien moins convaincant. La fidélité est là mais l’omniprésence des basses et la compression à outrance crée un rendu peu dynamique, « étouffé », là où un auditeur attentif aurait probablement demandé une plus grande neutralité dans le rendu.
Vidéo : un rendu polyvalent, mais une spatialisation placébo
Côté vidéo, tout comme pour la musique, le rendu sonore fait l’objet d’un parti pris en faveur des contenus les plus populaires. La Freebox Delta montrera particulièrement ses capacités sonores avec un blockbuster récent et une piste son en Dolby Digital. Exemple type : regarder le dernier Star Wars en VOD vous en mettra, littéralement, plein les oreilles. Le rendu alterne les phases d’action et les dialogues, sans distorsion et sans défaut de clarté, tout en opérant un subtil travail en arrière-plan pour équilibrer régulièrement le niveau sonore : c’était une volonté affichée des ingénieurs de Devialet, et à défaut d’adhérer à ce parti pris, on ne peut que constater qu’il fonctionne plutôt bien.
Ce constat souffre d’un bémol non-négligeable : la sensation de spatialisation est minimaliste. Avec une excellente source en Dolby Digital 5.1, on apprécie la qualité des basses ajoutées ; mais la distinction audio gauche/droite est difficilement perceptible, même dans des scènes d’action qui tendent déjà à exagérer ces effets dans leur mix. La notion de profondeur avant/arrière est, elle, totalement absente. La conception de la box, en forme de triangle, devait lui permettre de renvoyer une partie des ondes sur les murs arrière afin que celles-ci soient renvoyées dans la pièce avec un large spectre sonore. Sur ce point, en comparaison de n’importe quelle barre de son de bonne largeur, c’est raté.
Pour des contenus TV au quotidien, enfin, ce rendu « spectaculaire » est parfaitement inadapté, et peut vite s’avérer fatigant pour les oreilles. C’est d’autant plus vrai sur certaines chaînes de télévision, qui pratiquent déjà à outrance la compression et la mise en avant des basses dans leur spectre sonore. Après quelques jours d’utilisation, on s’est surpris à laisser le mode « Nuit » (cf. section ci-dessous) activé en permanence, pour bénéficier d’un son moins « chargé » sur les programmes TV courants (jeux, information, etc.).
Sources externes : jeux vidéo, et plus si affinités
Rappelons enfin brièvement que l’enceinte peut être utilisée avec des sources externes. Vous pouvez ainsi y brancher votre lecteur Blu-ray ou votre console de jeux via le port SPDIF in. Lors de nos tests en SPDIF, le Player s’est révélé capable de lire les sources en PCM linéaire et en bitstream (Dolby Digital 5.1). Le support du DTS 5.1 était, en revanche, absent. Nous n’avons pas pu tester la connexion HDMI ARC ou e-ARC, faute d’équipement compatible.
Le Player Free Devialet montre assez rapidement ses limites lorsqu’il est utilisé avec certains jeux récents, comme Red Dead Redemption 2 : l’enceinte s’en sort bien lors de scènes sonores « simples », mais l’omniprésence des basses tend à littéralement noyer tous les effets sonores dans certaines situations chargées (par exemple, lorsque le tonnerre gronde).
Il est à noter que le passage en Dolby Digital engendre un retard sonore important (supérieur à 200 ms) qui, s’il n’est absolument pas problématique dans les usages les plus courants, peut s’avérer déconcertant voire gênant dans la pratique de certains jeux vidéo. Dans ce cas, on recommandera d’opter pour un son stéréo simple (PCM 2.0) via les réglages de la console. Ce problème est récurrent sur de nombreux équipements audio, et pas seulement la Freebox Delta.
Une recette tout-en-un, qui mériterait plus de finesse
En l’état, le Player Free Devialet a un potentiel indéniable. Son approche unique, cherchant à s’adapter automatiquement à tous les types de contenus, fonctionne dans les situations les plus « spectaculaires ». Cependant, on aurait aimé que d’autres préréglages soient accessibles afin de laisser chacun choisir s’il souhaite bénéficier d’un son clinquant, ou au contraire, plus neutre et équilibré.
À l’heure actuelle, seuls deux paramètres existent : le mode « Nuit », qui réduit l’importance des basses dans le rendu, et le mode « Malentendant », qui privilégie une projection des fréquences vers l’avant, au détriment d’un son plus ambiant et spatialisé. Il faudra impérativement passer par l’interface TV, section Audio, pour les activer… un autre point déplorable, alors que l’enceinte est autrement parfaitement utilisable sans écran, via les commandes vocales ou un smartphone. La télécommande tactile fournie, avec son écran intégré, aurait pourtant fourni un support tout indiqué pour le paramétrage du mode audio à la volée, mais ce n’est pas le cas. De même, il semble absurde que le mode « Nuit » ne puisse pas être activé automatiquement selon une tranche horaire…
Même si les bases sont là (d’un point de vue matériel), il reste encore beaucoup à faire avant que le Player Free Devialet ne devienne un produit incontournable. Dans son état actuel, on le recommandera essentiellement pour une lecture musicale non-audiophile et pour les films ; au quotidien, son utilisation en mode TV est inadaptée, et peut même s’avérer physiquement pénible. On aimerait vraiment que plusieurs profils audio, adaptés à une plus large variété de contenus et de situations, soient proposés à l’utilisateur — sans que cela ne vienne contredire l’aspect résolument « grand public », voulu et assumé, de la Freebox Delta.
Freebox Delta, le grand test
• Déballage et initialisation, de bonnes en mauvaises surprises
• Un Player qui ne trouve pas sa place…
• Wi-Fi surpuissant, NAS décevant
• Coup de jeune pour l’interface TV
• Le son Devialet, clinquant et peu maîtrisé
• OK Freebox et Alexa, que valent-ils ?
• Pack Sécurité, le nouveau cheval de Troie de Free
• Bilan : à qui cette box est-elle destinée ?
• Annexe