Présenté en mars par la direction d’Iliad, le projet de cession du centre d’appels de Colombes (Mobipel) se heurte à la résistance des syndicats.
En mars, le groupe Iliad annonçait son intention de céder sa filiale Mobipel à la société italienne Comdata, spécialisée dans les call centers. Après une série de problèmes et de dysfonctionnements, notamment mis en lumière dans l’émission Cash Investigation, il semble que Free ait préféré arrêter les frais — une vision qu’Angélique Gérard (directrice de la relation abonnés d’Iliad) dément toutefois. Cette dernière indique que la vente n’a pas de rapport avec les soucis connus à Colombes, et évoque une « opportunité » de développer les liens entre Iliad et Comdata, avec qui un partenariat a déjà été conclu en Italie en vue d’assurer le service client de la future offre Iliad mobile.
Cette cession, qui devrait avoir lieu le 8 juin prochain, constitue une première pour le groupe Iliad. Jusque là, en France, le groupe a évité d’externaliser ses call centers. Selon des sources journalistiques, Iliad se serait engagé à continuer à recourir aux services de Mobipel en tant que prestataire, pendant au moins quatre ans.
Une assignation en référé pour empêcher la vente
Le syndicat SUD Télécom Mobipel s’oppose vivement au projet de vente, qu’il a l’intention de combattre sur le plan juridique. Dans un communiqué, le collectif dénonce des conditions de vente « illicites » et indique qu’il a engagé un recours en référé d’heure à heure devant le TGI de Nanterre, contre les sociétés MCRA (maison-mère des centres d’appel de Free) et Mobipel, pour bloquer la cession.
Dans la requête en référé, les avocats de SUD Télécom expliquent qu’ils voient dans ce projet de cession la suite des pratiques dénoncées dans des reportages comme ceux de Politis ou de Cash Investigation. « Il a été relevé au fil de plusieurs enquêtes journalistiques, aux impacts médiatiques sans précédents pour la marque ‘FREE’, qu’il a été décidé de procéder à une compression massive des effectifs de la société MOBIPEL, essentiellement fondée sur des ruptures de contrat pour faute grave, en raison d’un mouvement social et de revendications salariales intervenus au cours de l’année 2014 ». Au total, depuis 2014, ce sont « 57% des effectifs » qui ont été supprimés en 3 ans, « sans aucun plan de sauvegarde de l’emploi ni aucune consultation du Comité » d’établissement.
Pour le syndicat, il ne fait aucun doute que suite à la diffusion de Cash Investigation, « la société MCRA a précipité la cession de la société MOBIPEL en se rapprochant, en tout début d’année 2018, du potentiel cessionnaire étranger ». Pis, Mobipel « n’a jamais tenté d’informer ni de consulter le Comité d’Entreprise requérant sur les orientations stratégiques 2018, ainsi que la loi l’y oblige pourtant ».
Via leur requête, les plaignants réclament l’interdiction de la mise en œuvre du projet de cession de la société Mobipel, sous peine d’une astreinte de 100 000 euros par jour. Ils demandent à MCRA et Mobipel d’informer le Comité d’établissement sur les orientations stratégiques de l’entreprise, sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard. L’audience aura lieu au TGI de Nanterre, le mercredi 16 mai 2018.