Chez SFR, un rapport commandé à un cabinet d’audit se montre extrêmement critique sur la stratégie du groupe, et notamment sur ses massives suppressions de poste, jugées injustifiées.
C’est un beau lièvre que viennent de lever Les Jours : selon le média en ligne, qui s’intéresse au sort de SFR post-rachat par le groupe Altice, la stratégie de « restructuration » vantée comme nécessaire et salutaire par Patrick Drahi et ses lieutenants, aurait en réalité eu un effet nocif pour l’entreprise.
Un rappel des faits s’impose. Dans un contexte concurrentiel difficile face à l’arrivée de Free Mobile, fin 2012, SFR engageait un premier plan de suppression d’emploi portant sur quelques 856 postes, soit près de 9% de ses effectifs. L’entreprise n’avait alors pas encore été engloutie par Altice. En 2016, cette fois-ci sous le giron de Patrick Drahi, c’est un nouveau plan bien plus massif qui se met en branle : SFR s’apprêtait à se séparer de 5000 salariés de mieux, soit un tiers des effectifs, via un plan de départs volontaires.
Depuis, les dirigeants d’Altice-SFR n’ont cessé de répéter, à qui voulait l’entendre, que ce plan était la clé de la « restructuration » du groupe. Sans même hésiter à faire peser les mauvais résultats du groupe sur son exécution jugée tardive : « nous avons été paralysés », affirmait ainsi Alain Weill (PDG d’Altice France) il y a moins d’une semaine au micro de France Inter. « Pendant trois ans, nous n’avons pas pu restructurer l’entreprise ». À en croire cette version, c’est donc uniquement la clause de préservation de l’emploi (héritée du rachat de SFR en 2014) qui empêchait SFR de prospérer. Et la remontée serait désormais bien en cours. Tiens donc…
Un audit qui tient en échec la communication officielle du groupe
Les Jours sont parvenus à mettre la main sur un rapport du cabinet d’audit Sextant, commandé par le comité du groupe. Son bilan est aux antipodes du « storytelling » des dirigeants de SFR. Le cabinet ne voit pas de réelle « justification économique » à ce vaste plan de départs, au vu du chiffre d’affaires et des marges dégagées par le groupe, « a fortiori en intégrant les conséquences sociales et les profonds désordres engendrés par les réorganisations et suppressions de postes ».
Depuis juillet 2017, de nombreux indicateurs témoignent de la profonde désorganisation de l’entreprise, débarrassée d’un tiers de sa masse salariale. De soudains « trous de compétence » ont forcé le groupe à faire appel à des intérimaires en urgence. Ironie ultime, de l’aveu même d’Alain Weill, le groupe devrait être amené à réembaucher pour pallier à ces carences…
Le rapport confidentiel pointe également du doigt un « taux de churn (ndlr: résiliation) très préoccupant », en raison notamment des défaillances du service clients et d’une qualité de service « encore loin d’être optimale ». De fait, SFR se distingue depuis quelques années dans tous les classements d’insatisfaction et de plaintes des consommateurs… et la tendance n’est pas à l’amélioration.
Source : Les Jours