Et pour cause, non seulement le groupe Altice, qui détient SFR, est très endetté, mais il fait également les frais du scandale qui touche Armando Pereira, le bras droit de son son homme fort, Patrick Drahi.
Pour rappel, l’éminence grise de ce dernier, a fait l’objet d’une arrestation au Portugal, dans le courant du mois de juillet dernier, soupçonné de corruption, ce qui nécessairement a touché le Groupe Altice, objet de perquisitions à Lisbonne notamment.
Non seulement l’affaire n’est pas propre en soi, mais elle a surtout entraîné la mise en cause et la suspension d’un certain nombre de personnalités fortes du Groupe comme :
- le PDG de sa branche américaine Alexandre Fonsec afraîchement arrivé à ce poste au début du printemps, mais tout aussi fraîchement cueilli par sa direction ;
- Tatiana Agova-Bregou, directrice exécutive du Groupe Altice France, dans le cadre d’une enquête interne.
Question ambiance, on a connu mieux chez Altice, qui se voit privé de cinq personnalités d’importance, dont l’un pointé du doigt pour 11 délits et pas des moindres, les qualifications allant de la corruption au blanchiment d’argent, alors que bien connu pour son influence redoutable sur Patrick Drahi il n’y a pas encore si longtemps pour avoir fondé avec lui Altice France dont il était encore membre du Comité Exécutif récemment.
Des forfaits élevés et pour cause (on la fait courte).
Alors bien sûr, le principal intéressé nie les faits qui lui sont reprochés, à savoir la mise en place d’un système de fournisseurs peu scrupuleux, au coeur de la stratégie d’achat de biens immobiliers du Groupe Altice et qui aurait alimenté ses deniers personnels par des moyens détournés et forcément prohibés par la Loi. Armando Pereira a réfuté, par l’intermédiaire de son avocat, les soupçons qui pèsent sur lui. Il est notamment accusé d’avoir mis en place un réseau de fournisseurs douteux, au centre de la politique d’achat du groupe, et par lesquels il aurait prélevé des sommes importantes.
Le montant des sommes détournées serait conséquent mais surtout aurait privé le Trésor Public portugais, de ressources sans communes mesures.
Pour l’heure, l’ampleur du séisme n’est pas encore connue, mais l’onde de choc est en train d’atteindre la division française du Groupe Altice France, qui entend, à l’initiative de son PDG, Arthur Dreyfuss, se refaire un début de virginité en opérant une coupe franche au sein des effectifs qui lui sembleraient douteux, à commencer par Tatiana Agova-Bregou dont le nom a été évoqué par la Justice portugaise.
Cette dernière aurait en effet bénéficié de dotations luxueuses comme d’une propriété en région parisienne, ce que bien évidemment dément benoitement l’intéressée.
Les semaines à venir devraient être déterminantes pour la direction du Groupe Altice France, qui dément vouloir mener une purge radicale dans ses effectifs mais entend obtenir « la plus grande transparence sur les audits qui vont être menés dans le groupe Altice France » et « l’ouverture d’une discussion pour s’accorder sur les modalités de participation des élus et de leur expert aux enquêtes et audits ».
Du plan social à l’endettement magistral sur fond de présentation des résultats semestriels : l’été sera chaud !
En attendant, la pilule passe mal pour les salariés, qui ont fait l’objet d’un plan social dans le courant de l’année 2021 et dénoncent les méthodes de gestion du personnel pratiquées par le Groupe mais également d’un point de vue économique, puisque, ne nous le cachons pas, les finances du Groupe Altice ne sont pascaux beau fixe en raison d’un endettement hors norme alors que les taux d’intérêt sont à la hausse, ce qui lui confère un peu plus encore de poids sur les épaules.
L’affaire portugaise pourrait revêtir un caractère anecdotique, mais elle est en réalité la cerise sur le gâteau de difficultés en série auxquelles le Groupe, qui revendique par exemple une stratégie commerciale agressive mais juste selon ses propre propos sur ses forfaits quitte à tirer sur la concurrence, Free en tête de liste, est confronté.
En totalité, l’endettement du Groupe, toutes entités confondues, Altice USA, Altice International et Altice France, représente 60 milliards de dollars. Or, SFR est détenu par Altice France, et le principal actif du Groupe de Patrick Drahi était confié à la gestion .. d’Armando Pereira lui-même, qui a laissé 24 milliards d’euros de dettes.
La prise de parole de Patrick Drahi, les 7 et 8 août prochains devant les partenaires du Groupe à l’occasion des résultats semestriels devrait être déterminante, si ce n’est cocasse au regard de la situation actuelle.