La directrice de Station F, Roxanne Varza, applaudit la « mentalité » française, bien éloignée des « effets pervers » de la Silicon Valley, qu’elle dénonce.
Dans une interview consacrée au magazine Society, l’entrepreneuse américaine se confie sur de nombreux points : les élections présidentielles aux USA, la place des femmes dans le monde machiste de la tech, ses racines iraniennes… Un sujet revient constamment : le « french bashing » et le modèle américain, notamment la Silicon Valley, habituellement érigée en exemple à l’international.
Pour elle, qui a grandi à Palo Alto et travaillé de nombreuses années à San Francisco, il ne s’agit pas d’une bonne piste. Elle énumère les « effets pervers » de la sphère économique aux États-Unis : « tout le monde est obsédé par les start-up et l’argent (…) on ne peut plus parler d’autre chose que de tech là-bas. Même votre vie perso est régie par des applications sur votre téléphone ». De ce monde, dont on dépeint souvent un portrait idéalisé, elle retient les problèmes de prix de l’immobilier de la Silicon Valley ou encore le taux de suicide inquiétant chez les jeunes : « tout ça vient de la pression de la vallée. Là-bas, des gens sortent de l’école et trouvent un super boulot directement, donc si ce n’est pas ton cas… (…) il y a énormément de pression parce qu’on est entourés de gens qui réussissent », explique-t-elle.
À Station F, « le but est de ne surtout pas ressembler à la Silicon Valley »
Roxanne Varza explique que la « mentalité » française est assez différente. À Los Angeles, « alors qu’on était en pleine guerre avec l’Irak, personne ne voulait manifester. En revanche, si vous augmentiez le prix des places de parking de quelques cents, tout le monde était là ! En France, j’ai halluciné quand j’ai vu des masses de personnes manifester, même la nuit, bloquer les écoles. J’ai trouvé ça intéressant de voir que quand les gens croient en une cause, ils se mobilisent ».
Cette réflexion s’est inscrite dans le processus de création de Station F. Éviter la crise immobilière en créant des logements, éviter le « 100% tech » en mélangeant tous les univers… et « faire venir des étrangers, encourager les femmes à créer leur entreprise, encourager aussi les personnes venant de milieux défavorisés ou moins privilégiés ».
Le but « est de ne surtout pas ressembler à la Silicon Valley », insiste Roxanne Varza, qui conclut : « je ne veux pas que les start-uppers se retrouvent à faire des burn-out ou des digital detox comme aux États-Unis ».
- L’interview complète de Roxanne Varza est à retrouver dans Society N°63 (du 17 au 30 août 2017)