Le premier gagnant du changement de nom de SFR serait… Patrick Drahi, qui détient les droits de la marque Altice, et entend bien faire payer pour.
Pour faire de bonnes affaires, rien de tel que de négocier avec son propre groupe. Cela semble être la philosophie de Patrick Drahi, révélée dans le Wall Street Journal. Le quotidien économique indique que la marque Altice n’appartient pas au groupe, mais à Drahi lui-même. Jusqu’en 2015, il avait accordé le droit d’utilisation de sa marque à son groupe, de manière gracieuse. Désormais, l’opération est plus juteuse pour l’homme d’affaires : il en réclame un montant s’élevant à 0,2% des revenus du groupe, plus une part variable de 5% calculée sur l’amélioration des cash flow. En 2016, cela lui a permis de générer 41,3 millions d’euros de profit personnel…
On comprend mieux, dès lors, pourquoi l’entrepreneur a agi en faveur de l’utilisation de la marque unique Altice pour remplacer toutes ses dénominations télécoms : SFR, Hot, Cablevision, Portugal Telecom… Le groupe précise que « les premières années d’exploitation de la marque seront gratuites pour les filiales », mais ne précise pas ce qu’il en sera par la suite.
Ce mode de rémunération, jugé extrêmement favorable à Patrick Drahi, a été remplacé au 1er trimestre 2017 suite à la grogne des actionnaires minoritaires, exaspérés. Le fondateur d’Altice touchera désormais des stock-options, indexées sur l’évolution du cours de bourse, en guise de compensation. Un deal qui ne lui est pas forcément défavorable puisqu’il pourrait toucher jusqu’à 1,1 milliard d’euros d’ici 2021, si le cours de la bourse venait à tripler.
L’homme qui louait ses locaux à son propre groupe
Ce n’est pas tout. Le WSJ révèle également que les prochains locaux du groupe, où se réuniront à la fois les actifs de SFR et les médias, dans le 15è arrondissement de Paris, appartiennent en réalité à… Patrick Drahi. Celui-ci en a réalisé l’acquisition pour quelques 608 millions d’euros. Sans surprise, il louera donc les locaux aux équipes de SFR.
La pilule est dure à avaler, notamment lorsqu’on se souvient que Patrick Drahi avait insisté pour que SFR quitte son campus flambant neuf de Saint-Denis… parce qu’il n’en était pas propriétaire. Finalement, si le nouveau loyer coûtera effectivement moins cher à l’opérateur (45 millions d’euros à Paris, contre 61 millions à Saint-Denis), il n’est pas sûr que ce dernier fasse une bonne affaire : le prix au mètre carré explose, de 490 à 725 euros, remarque Le Monde.
Source : Wall Street Journal, via Le Monde