Le principe a dépassé le stade de la rumeur, avec une position affirmée de Reed Hastings, son fondateur, en faveur de la publicité : Netflix va donc changer son modèle économique, et il n’est pas sûr que ça plaise.
Alors le coût de l’abonnement serait revu à la baisse certes, mais demeure tout de même en place, et surtout, il s’agit d’une posture qui s’inscrit aux antipodes de tout ce qui a été défendu par la plateforme jusqu’à présent.
Le déclencheur ? des résultats financiers publiés hier et qui sont catastrophiques avec une perte de près de 200 000 abonnés payants de par le monde.
« Je suis très fan de la simplicité de l’abonnement » a indiqué hier Reed Hastings lors de cette présentation des résultats, précisant par la suite que « Aussi fan que je puisse être, je suis encore plus partisan de laisser le choix aux consommateurs. Certains consommateurs sont plus tolérants envers les pubs et veulent payer moins cher : leur permettre d’obtenir ce qu’ils veulent aurait beaucoup de sens. »
Un petit pas pour les abonnés mais un grand pas pour la plateforme.
Ce changement de modalités de souscription n’est pas anodin pour la plateforme, qui a toujours vanté les mérites de son modèle économique, avec un abonnement donnant droit à un accès ouvert à tout son catalogue, sans pubs, avec de la création originale comme des standards du cinéma.
Sauf que depuis son lancement en 2011, le marché n’était pas aussi saturé, ce qui a engagé Netflix dans une impasse en termes de recrutement d’abonnés.
Entre résultats en bernes, prévisionnel tout aussi morose, qui a fait chuter le cours de la Bourse en tout début d’année; la plateforme doit véritablement se transformer de l’intérieur afin de pouvoir retrouver de la compétitivité au milieu de la concurrence, de plus en plus féroce et novatrice.
Entre Disney+ qui a mis la main basse sur des licences privilégiées, avec un gain d’abonnés en temps record mais surtout une position claire et nette en faveur de la publicité afin de garantir le pouvoir d’achat des ses abonnés, et Prime Video qui a diversifié son offre en se basant sur une solution globale d’e-commerce, Netflix doit pouvoir relever la tête en décomplexant sa position face à la monétisation, malgré une stratégie à revoir en intégralité mais là aussi quelques écueils dans un milieu en pleine mutation.
Le boom des abonnés en 2020, véritable piège sur le long terme.
« Il y a beaucoup plus de croissance à trouver sur le marché de la consommation que dans la publicité, qui est plutôt stable (…) Je dirais donc que notre stratégie axée sur les abonnements a jusqu’ici plutôt bien fonctionné. Mais c’est le meilleur choix capitaliste, pas une position philosophique.» assurait alors Reed Hastings, justifiant sa course à la diversification de son produit…. ce qu’il a poursuivi avec la mise en place du gaming.
Si Netflix a connu une expansion magistrale avec la crise sanitaire et les confinements successifs, il semblerait que la plateforme paie à terme cette embellie, qui n’aura été finalement, que très factice et dépourvue de véritable stratégie commerciale sur le fond.