C’est un peu la mauvaise surprise du week-end pour les abonnés Netflix en devenir, dont bon nombre d’abonnés Free équipés d’une box Révolution, Mini 4K et Delta, bénéficiaires du service : la disparition de la période d’essai, tout du moins sur une grande partie du continent européen dont en France, permettant d’accéder à l’ensemble des contenus de la plateforme de streaming, durant 30 jours sans obligation de conclure un abonnement.
Les Etats-Unis semblent à première vue épargnés par cette coupe-franche.
Une stratégie commercialement importante et qui permettait de recruter massivement.
Tout du moins en théorie, car si Netflix entend dès aujourd’hui y renoncer, c’est qu’elle se révèle être moins payante qu’elle n’y paraît.
Netflix ou le schéma abouti d’une transformation constante face à la concurrence.
Il y a effectivement fort à parier que la gratuité convenue au préalable par la firme, s’est révélée à l’usage et dans le temps, assez coûteuse et assez peu rentable en termes de recrutement, d’autant plus face à une concurrence âpre et la multiplication d’offres particulièrement séduisantes.
Netflix, et c’est un fait, a toujours su se renouveler drastiquement depuis sa création en 1997 et a su assurer ses arrières, d’ores et déjà, en s’engageant sur la voie d’une transition réussie, de la location de DvD à la plateforme telle qu’elle est conçue actuellement.
Deuxième élément majeur de cette transformation accomplie, la production de contenus originaux, grâce auxquels elle a pu véritablement se valoriser, non pas sans s’engager véritablement financièrement, plusieurs millions de dollars étant investis chaque année à cette fin, mais suscitant un intérêt sans cesse renouvelé en termes de recrutement d’abonnés.
L’Irishman de Martin Scorcese, qui n’a pas hésité à affronter le scepticisme académique hollywoodien en pariant sur le concept, en est sur le point la preuve la plus flagrante, avec pas moins de 30 millions de téléspectateurs, quelques semaines seulement après le lancement de sa diffusion.
En termes d’audience, justement, à l’heure actuelle, Netflix comptabilise pas moins de 158 millions d’abonnés aux US, près de 7 millions en France, malgré quelques secousses liées à l’augmentation des différentes offres dans le courant de l’été, qui s’était révélée impopulaire mais pas suffisamment pour casser son modèle économique.
Et force est de constater que malgré cette modification tarifaire, qui peut peser dans l’escarcelle abonnements des ménages moyens, Netflix a toujours le vent en poupe et son recrutement ne fait l’objet d’aucune érosion.
Une stratégie de substitution mise en place et réussie depuis Noël pour faire face à un marché tendu.
Changement radical de stratégie ou simple adaptabilité au changement des modes de consommation et de recrutement d’abonnés, Netflix semble particulièrement au point et flexible en termes de commercialisation et ce malgré un déploiement concurrentiel qui aurait pu mettre la plateforme de streaming à mal et lui faire perdre sa position de leader sur le marché.
Dernier né, Disney +, qui débarque sur le continent européen et notamment en France, à compter de la fin mars 2020, pour une offre tarifaire s’inscrivant bien en dessous de l’entrée de gamme Netflix.
Et la gratuité sur 30 jours semble un argument somme toute modeste par rapport à ceux déployés par les Apple TV+, Amazon Prime, OCS ou autres qui la talonnent de près.
C’est avec succès que Netflix s’est lancé cet hiver dans la diffusion de contenu gratuit, de qualité, sur une période brève et déterminée, tel que cela a été le cas pour le film d’animation Klaus.
Une méthode largement éprouvée par OCS et Free, qui offrent régulièrement l’accès en clair à une partie de contenu, tel que cela a été le cas pour The First avec Sean Pean fin 2018, Le nom de la Rose, ou The Spy plus récemment.
Récemment, Netflix a souhaité renouveler l’expérience en mettant en ligne gratuitement jusqu’au 10 mars prochain, À tous les garçons que j’ai aimés, la saga teenage romantique au public clairement ciblé.
La manoeuvre est assez adroite et s’inscrit en contrepoint du troisième volet du long métrage, qui sort en salle dans les jours prochain.
Même si l’année 2019 a marqué un coup de frein à la croissance de la firme californienne, le premier trimestre 2020 permettra probablement à Netflix d’entrer dans le vif du sujet de la guerre du streaming vidéo avec des armes efficaces.
Une contre attaque stratégique qui paraît anodine mais qui au final est très calculée alors que Disney +, Apple TV + pratiquent une politique tarifaire attractive, qu’Amazon mise tout sur la diversification de ses produits et que le lancement de HBO Max et Peacock laisse présumer un catalogue cinéma et séries hors normes.
La guerre de contenus est certes lancée, mais leur mise en valeur n’en demeure pas moins calculée.