Cela fait maintenant presque deux ans que la déroute de Mediapro aura marqué le monde de la retransmission des matchs de Ligue 1, avec non seulement l’arrêt de toute diffusion sur Telefoot qui n’est plus qu’un vague et désastreux souvenir, mais également les tentatives de renégociations de droits ratées par Canal+ via son partenaire beIN Sports comme la récupération au rabais par Amazon.
En d’autres termes, le petit monde de la Ligue 1 et 2, mais surtout celui de la Ligue de Football Professionnel orchestré par cette gabegie, aurait pu connaître des heures encore bien plus sombres si des opérations de sauvetage n’avaient été bricolées, parfois dans des conditions abracadabrantesques ou en dépit de toute bonne logique économique comme commerciale.
C’est donc fort de cette expérience malheureuse, que le Sénat a entendu se mêler de la problématique des droits de diffusion dans sa globalité, en soumettant au vote, une Loi proposant la création d’une structure commerciale, qui aura pour mission de négocier et vendre les droits de diffusion du football français tout en jouant le rôle d’un organe de régulation.
Le football français sous assistance respiratoire depuis la débâcle Mediapro.
Le texte soumis aux sénateurs mercredi dernier, a été jugé comme essentiel à la survie du football, mais devra cependant fait l’objet d’un accord avec les députés lors de son examen le 16 février prochain, puis d’un visa sur les statuts qui seront rédigés, par la Fédération Française de Football comme du Ministère des Sports, avant qu’ils ne soient définitivement adoptés et contribuent à la mise en place de ce nouvel organe.
En effet : le défaut de règlement des droits mis à la charge de Mediapro a, en son temps, placé la Ligue dans une situation extrêmement difficile d’un point de vue financier, laissant même craindre le pire quant au règlement des clubs dans un avenir proche, ce qui avait enjoint la LFP à trouver des solutions de secours, au risque de parfois déplaire et s’attirer les foudres de certains de ses cocontractants comme Canal+. S’il y a urgence à agir, cela ne se fera cependant pas sans certains gages de pérennité.
Car ce sont pas moins de 600 à 800 millions d’euros de pertes financières qui ont été enregistrées en raison des défaillances de Mediapro (détenteur de 80% de droits), doublées de la crise sanitaire, qui est venue plomber de l’intérieur toute la petite économie des rentrées financières des clubs comme de la LFP.
Plus de matchs en public, terminées les diffusions dans les bars ou les pubs … autant de vecteurs qui sont venus donner le coup de grâce à une situation d’ores et déjà délétère.
Une bouffée d’oxygène à l’horizon ?
En se saisissant de la question, le Sénat entend :
- faire le ménage et confier conjointement à une entité tierce, filiale de la LFP ainsi qu’à un fonds d’investissement, grâce une part cessible fixée à 15% (en deçà des préconisations gouvernementales, consécutivement à une négociation longue mais fructueuse avec la Ligue), l’ensemble des opérations de négociation et cession des droits de diffusion du foot français;
- apporter une bouffée d’air frais et de finances en rentabilisant au maximum le potentiel commercial lié à la diffusion des matchs.
Pour l’heure, toutes les voix ne seraient pas du côté de cette idée qui paraît trop audacieuse pour certains qui, s’ils s’accordent quant à la nécessité d’une régulation du marché, doutent cependant d’une solution trop libérale et sans garde fous sérieux.
Du côté des « pour », l’éventuelle manne de 2 milliards d’euros estimée par la cession de 20% du capital, portant la valorisation de la société entre 9 et 12,5 milliards d’euros, fait rêver la LFP et permettrait aux clubs, après accord du Sénat, de porter les contrats professionnels de 3 à 5 ans tout en rentabilisant les sommes investies dans les centres de formation.
En d’autres termes, c’est sur la durabilité que joue le ministère des sports, en s’appuyant sur l’expérience ratée Mediapro afin de réformer en intégralité le système de l’intérieur.