Depuis les années 1990, les téléphones mobiles nous accompagnent dans notre quotidien. En 2016, une étude a démontré que 77% des français en possédaient un. Et en 2020, on est pas moins de 5 milliards à l’utiliser. En général, on le consulte à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Véritable soutien pour les uns, parasite pour le moins envahissant pour les autres, le tout est de trouver un juste milieu par rapport à son omniprésence. Et quand le téléphone portable prend énormément de place, voilà qu’il devient l’élément perturbateur propice à des histoires loufoques! Voici quelques films où il crève paradoxalement l’écran puisqu’au cinéma, c’est le seul moment où, en principe, on l’éteint!
Le Jeu
Remake du film italien “Perfetti sconosciuti”, cette comédie de Fred Cavayé nous emporte loin dans les petites cachotteries entre amis. Lors d’un dîner où tout le monde s’ennuie, un jeu est soudainement proposé par Marie, interprêtée magistralement par Bérénice Béjo. De manière impromptue, elle invite chaque convive à déposer les téléphones, mais pas les armes, au milieu de la table! Le jeu consistera alors à lire ensemble, sans pudeur ni détour, tous les messages susceptibles d’arriver.
Au départ, toute la tablée refuse, prétextant que déjà, au Trivial pursuit, cela finit toujours en bagarre. Puis, les trois couples et le célibataire, Ben, acceptent pensant que cette mise à nu ne prêtera pas à conséquence. Malheureusement, les SMS s’enchaînent les uns après les autres, de manière torride, semant la zizanie dans les couples qui jouissaient d’une vie en apparence paisible jusque là.
L’originalité du film réside dans la démonstration que la réalité est toujours rattrapée par le virtuel, quelles que soient nos croyances en matière de vie privée. Dans un monde où l’on surfe sur son smartphone pour perpétuellement s’évader, le caractère concret de la sphère familiale finit-il un jour par l’emporter? Réponse en regardant “le Jeu” avec Stéphane de Groodt et Vincent Elbaz, sorti dans les salles en 2018.
Denise au téléphone
Au Québec, “Fantaisies au bout du fil” est considéré comme un film visionnaire sensé montrer en avant-première ce qu’est notre époque actuelle hyper connectée. Les acteurs sont entièrement rivés à leur combiné téléphonique et nous, nous sommes pendus à leurs lèvres. Autour d’intrigues amoureuses abracadabrantesques, des liens se font et se défont uniquement par le biais des communications téléphoniques. Avec ce film américain d’Hal Salwen, on ne peut que prier pour que personne ne raccroche!
Le synopsis tient en deux mots: à New York, Linda prépare une soirée entre amis mais personne ne vient puisqu’ils se décommandent un à un par téléphone. À partir de là, tous les échanges se feront à distance. S’ensuivent une cascade de cocasseries plus ou moins niaises mais jubilatoires comme au théâtre de Boulevard.
Présenté à Cannes en 1995, ce film comique était une petite révolution à l’époque. Dans son sillage, les journalistes insistaient: “Il faut absolument aller voir le film qui se passe intégralement au téléphone”. Malgré son esthétique démodée des années 90, son postulat résonne encore à travers l’expansion cacophonique de nos réseaux sociaux, à savoir que tout semble se passer de plus en plus en distanciel pour le meilleur…et pour le pire.
Jexi
Sorti en 2019, “Jexi” est une comédie américaine qui ne casse pas trois pattes à un canard. Cependant, les réalisateurs Jon Lucas et Scott Moore ont ajouté une touche fantastique en rendant omniscient le téléphone du nom de Jexi. En effet, Jexi se met à commenter à tout va et tout haut les situations que vit son propriétaire. Et comme son nom l’indique, Jexi est un téléphone-femme à la voix langoureuse. On la suivrait au bout du monde, même au casino pour se ruiner au poker.
On est tous plus ou moins accro à son smartphone, mais Phil joué par l’humoriste Adam DeVine, est le parfait exemple du type dont la vie entière tourne autour de son cellulaire. Rien que pour se déplacer, il ne peut plus faire un pas sans son GPS si bien qu’il n’arrive jamais à s’en défaire. D’où la pertinence du film qui vient exacerber ce défaut patenté dans lequel on se reconnaît un peu tous!
Un jour, Phil s’offre un portable dernier cri, Jexi, qui va l’assister en permanence. Trop beau pour être vrai, ce téléphone de rêve devient vite un cauchemar en régentant tous ses faits et gestes. L’indomptable Jexi pousse alors le looser Phil à faire ou dire des choses malgré lui, ce qui déclenche des gags mais surtout des gaffes en séries! Tout ça dans le but de lui trouver l’âme soeur, lui qui est loin d’être le roi de la drague, mais un téléphone tout coach qu’il est, est-il vraiment le mieux placé pour donner des conseils en la matière?
Critiqué pour la vulgarité qui ressort parfois des dialogues, “Jexi” ne laissera pas un souvenir impérissable mais il est pour le moins pertinent et mérite le coup d’oeil en mode détente.
Téléphoner ou regarder un film, avant il fallait choisir! Maintenant, on le visionne directement depuis son téléphone mobile, et pour cela, on lui dit merci.